Panne d'Europe

Elles agacent sérieusement un géant américain et font enrager les grands opérateurs de téléphonie mobile européens : Neelie Kroes, la commissaire à la Concurrence, et Viviane Reding, la commissaire à la Société de l'information, font aujourd'hui l'actualité du côté de Bruxelles. Pour la première, c'est donc Microsoft qui est en ligne de mire, pour abus de position dominante. On ne savait pas encore, hier soir, à combien allait s'élever le montant de la condamnation du numéro un mondial des logiciels, mais on imaginait volontiers qu'elle serait à la mesure de son gigantisme et à celle de l'agacement de la Commission, lasse de jouer au chat et à la souris avec la firme de Bill Gates. Quant aux opérateurs de téléphonie mobile, ils seront sommés de plafonner le coût des appels que les voyageurs acquittent dans l'Union européenne, plafond qui pourrait représenter quelque 7 milliards d'euros de bonus pour les consommateurs... Qui a dit que la Commission européenne fonctionnait au ralenti ? C'est bien, d'ailleurs, l'idée politique que sous-tendent ces annonces spectaculaires. Bruxelles, contrairement à ce que laissent entendre de mauvaises langues, n'est donc pas en panne. Sauf qu'il s'agit d'un activisme bien particulier, celui de la concurrence, et dans une direction très particulière, le bien-être des consommateurs européens. Cela ne suffit pas pour étayer une relance de l'Union. Depuis les camouflets français et néerlandais sur la Constitution, les Vingt-Cinq peinent manifestement à retrouver leur rythme. Les directives sont rares, des champs entiers d'intervention sont laissés vierges, alors que pendant ce temps les vrais sujets, comme celui de l'énergie avec la montée en puissance de la Russie, sont en jachère. En somme, le spectacle que donne aujourd'hui la Concurrence, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Une forêt européenne qui peine à reverdir et à se renouveler. Le pire, c'est que cette absence de souffle, l'Europe la doit d'abord à ceux qui sont censés la porter. Les pays membres, pour la plupart recroquevillés sur leurs problèmes de politique intérieure, et qui n'ont pas eu d'autre action concrète ces derniers mois que de réduire le budget de la Commission, n'insufflent plus grand-chose.
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