ILE-DE-FRANCE + Des cadres au chômage créent leur emploi dans des PME

Après deux ans passés au chômage, dont un en formation, Jean-Christophe Hecquet (trente-sept ans) a décroché depuis la fin de 1996 un contrat à durée indéterminée au sein d'une petite entreprise spécialisée dans la traduction de logiciels en langues étrangères, CL France. Un emploi qu'il a lui-même contribué à créer, au terme d'une mission de six mois dans cette société qui emploie quatre salariés. « J'ai misé sur le décollage d'Internet, explique-t-il. Nous avons des clients dans la communication qui font des campagnes de publicité sur ce réseau. Ils vont de plus en plus avoir besoin de décliner ces informations vers des publics multilingues. » Anticiper les besoins. Jean-Christophe fait partie des 446 cadres - sur 650 - qui ont retrouvé le chemin d'une entreprise l'an dernier grâce à l'opération « Mission cadres dans les PME » initiée par le conseil régional d'Ile-de-France. Ce dernier vient de décider de lancer 1.000 nouvelles missions pour 1997-1998, soit un investissement de 14,6 millions. « L'objectif est d'aider les cadres qui ont moins d'un an de chômage à retrouver rapidement un emploi et d'apporter notre concours au développement des PME », explique-t-on dans les services de Christian Cambon, vice-président du conseil régional chargé du développement économique. Seuls les cadres disposant d'une expérience d'au moins cinq ans sont concernés. Et pour cause : c'est au candidat de monter un projet professionnel susceptible d'intéresser une PME. « C'est une démarche très intéressante, reprend Jean-Philippe Hecquet. On ne prend pas l'emploi qui se présente mais on doit créer son poste et donc anticiper des besoins. » C'est l'ANPE et l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) qui repèrent les candidats, avant de les adresser à l'un des vingt-cinq organismes de formation conventionnés par la région, comme Seres-Consultants, un cabinet de recrutement. Ces derniers sont chargés de les aider à définir un projet et à rechercher une entreprise. La mission dure trois mois à temps plein - ou six mois à temps partiel - pendant lesquels les cadres sont rémunérés par l'allocation formation-reclassement. « Nous accordons une aide seulement à ceux qui n'ont aucune ressource », reprend-on à la région. Pour l'entreprise, rien à débourser. « C'est un investissement sans risque, explique le patron d'une PME. Si le cadre arrive à prouver qu'il existe un potentiel de développement pour l'entreprise, il faut alors voir ce que cela va rapporter, avant de créer un poste définitif. » Au charbon tout de suite. Grâce à ces missions, Christine Chateauminois, trente-deux ans, a pu changer d'orientation. Après avoir été commerciale dans une société de haute technologie, elle est aujourd'hui conceptrice-rédactrice de publicité dans une société américaine. « Sans ce dispositif, j'aurais peut-être raté ma reconversion, souligne la jeune femme. Sans structure derrière moi, je n'arrivais pas à trouver une agence de pub qui me prenne en stage. Avec le conseil régional, j'ai eu le coup de pouce nécessaire. La société américaine m'a mise au charbon tout de suite. Cela a été à moi de faire ensuite mes preuves. » L'an dernier, 70 % des cadres en mission ont réussi à se faire embaucher. « Nous ne pouvons pas donner deux chances de suite, car il y a peu de missions par rapport au nombre de cadres sans emploi. Ce serait injuste, souligne Christine Velardo, de Seres Consultants, C'est de toute façon un tremplin. Ces trois à six mois passés en entreprise, permettent à ceux qui n'ont pas réussi de crédibiliser encore leur expérience. » Dominique Chapuis
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.