Nouvelle augmentation de cadence pour Arianespace

Les gens heureux n'ont pas d'histoire. Les sociétés sont presque logées à la même enseigne. En témoigne le succès d'Arianespace, qui fait surtout parler d'elle lors de ses rares échecs. En 1995, la fusée européenne a vécu 11 lancements, 3 de plus que son maximum historique (en 1991 et 1994), et a lancé 13 satellites, autant que son record de 1988. Ses prises de commandes sont restées à un bon niveau avec 13 satellites, soit un total de 148 depuis ses débuts en 1981, et un carnet maintenu comme l'an dernier à 38 satellites pour 15,6 milliards de francs. Deux sont venus s'y ajouter depuis le début de l'année, Arabsat 2B et PanamSat 7. D'autres doivent venir dès janvier. Qui dit année record dit chiffre d'affaires en plein boom. Il aurait atteint l'an passé quelque 7 milliards, contre 5,875 milliards au sommet de 1991 et 4,6 milliards l'an passé. Le PDG d'Arianespace, Charles Bigot, table aussi sur un résultat « qui ne devrait pas être inférieur aux niveaux des années précédentes et leur sera sans doute supérieur ». En 1994, Arianespace avait dégagé 139,9 millions de francs de profit net et 147,5 millions l'année précédente. Au-delà de cette réussite comptable, Arianespace est en train de réussir son pari : effectuer 30 tirs en trois ans, de 1994 à 1996. Pourtant, son échec du vol 70 fin 1994 (le deuxième de l'année) avait paru sonner le glas de cette ambition. D'autant que les tirs n'avaient repris que fin mars 1995 seulement. Pourtant, neuf mois plus tard, Ariane a pris 11 fois son envol. Cette année, ce chiffre devrait être maintenu, sauf accident, voire porté à 12. Et pourtant, la direction d'Arianespace se fixe un nouveau pari : s'adapter à une demande qui croît plus que prévue, avec des satellites de plus en plus gros qui atteignent désormais couramment 3,5 tonnes. Objectif : 65 à 70 satellites d'ici à 1999 Du coup, Arianespace veut mettre en place une organisation capable de lancer 65 à 70 satellites de 1996 à fin 1999 et non une cinquantaine comme elle l'anticipait initialement. Et ce ne sont plus 10 ou 11 fusées Ariane 4 et 9 ou 10 nouveaux gros lanceurs Ariane 5 qui seront nécessaires sur la période, mais une trentaine d'Ariane 4 et une douzaine d'Ariane 5. Cette croissance de l'offre atteindra 30 % malgré le renforcement des concurrents : Lockheed-Martin avec sa future Atlas 2AR, McDonnell Douglas et sa nouvelle Delta 3, Boeing associé au russe Energia et au norvégien Kvaerner pour le Zenit 3 Sea Launch, le chinois Longue Marche et le Proton du russe Khrounitchev, allié à Lockheed au sein d'ILS. Gain de productivité, croissance des cadences, diminution des délais de commandes (de 40 à 30, puis à 24 mois), Arianespace et ses industriels associés - Aerospatiale, Dasa, la SEP, BPD Fiat, Matra... - effectuent cet effort en pleine naissance de son nouveau et surpuissant bébé, Ariane 5. Son premier vol est prévu début mai, le deuxième en septembre et le troisième, premier tir commercial donc sous responsabilité Arianespace, autour du 31 décembre 1996. Ce qui pourrait porter le nombre de tirs de fusées Ariane à 14 ou 15. O. P.
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