Alain Caparros veut donner un nouveau souffle à Rewe

Alain Caparros a repris un point. En novembre, son concurrent Edeka - le leader allemand de la distribution alimentaire - lui avait raflé Plus, le numéro trois du discount que le Français aurait bien fusionné avec sa filiale Penny. Une défaite. Mais le patron de Rewe n'était pas prêt à mettre aussi cher. Celui que certains de ses concurrents appellent l'" Alain Delon de la distribution allemande " n'est pas du genre néanmoins à se laisser abattre. Jeudi dernier, Metro a accepté de lui céder sa chaîne de supermarchés Extra. Une compensation. Même si le troisième groupe européen a dû mettre quelque 500 millions sur la table pour une chaîne déficitaire de 306 magasins qui réalise 1,6 milliard de ventes. Cette acquisition, toutefois, va doper sa présence dans le créneau des supermarchés, une de ses trois priorités avec le discount, où Rewe réalise près de 20 % de son chiffre d'affaires (45 milliards en 2007), et l'international (30 %).La semaine dernière aussi, Alain Caparros a fait nommer un nouveau membre du directoire pour prendre en charge le discount. Juste avant, il avait annoncé la reprise de dix-huit magasins en Italie­ et augmenté sa participation dans une filiale autrichienne. Il a vite compris que, si la coopérative de commerçants voulait faire partie­ des gagnants, il fallait qu'elle se dépoussière à toute ­vitesse.­ De trois personnes quand il a pris la tête du groupe en ­septembre 2006, il a fait passer le directoire à cinq, persuadé qu'un groupe qui rassemble des enseignes­ aussi diverses que Rewe (supermarchés), Toom (bricolage), Aldis (approvisionnements professionnels) ou Penny (discount) se devait de décentraliser le pouvoir pour se renforcer, contrairement à la politique suivie des décennies durant." LE SEUL DISPONIBLE" À son arrivée, Rewe sortait de deux années d'horreur. Deux patrons s'étaient succédé après le départ précipité en 2004 d'Hans Reischl, le patriarche qui avait imposé sa loi pendant près de trente ans. Le premier, Ernst Berninghaus, avait pioché dans la caisse quelques années auparavant. Exit. Son successeur, Achim Egner, avait le handicap de venir des télécommunications. S'il avait bien vu les faiblesses de la " vieille dame de Cologne ", comme la surnomme Michel-Edouard Leclerc avec lequel Alain Caparros a fondé une alliance, l'ancien numéro deux de Debitel n'a jamais compris comment une coopérative de commerçants raisonnait. Ses méthodes ont créé un mini-séisme. Après seize mois, Egner a été contraint de laisser sa place. La chance pour Alain Caparros. " Je n'étais pas le meilleur mais le seul disponible au bon moment ", analyse-t-il froidement. Il ne fait pas plus dans la dentelle. Mais il est jugé compétent et son énergie en interne convainc. Rien ne lui a été épargné. Jusqu'à présent, il a écarté les embûches. Jusqu'à KKR qui a tenté d'avaler Rewe au printemps pour le dépecer, déstabilisant un peu plus les troupes.C'est avec le rachat du suisse Bon Appétit en 2003 qu'il a fait son entrée chez Rewe. Il avait fait ses classes chez Yves Rocher. D'abord dans les pays de langue allemande, dont il apprécie la culture - sa première femme était allemande. Ensuiteau siège à Paris. En 1994, il passede l'autre côté de la barre, tentépar l'aventure d'Aldi Marché. " L'homme n'est pas décisif dans le discount. Ce sont les processus et les structures qui font la différenc e " justifie-t-il. Puis il prend la présidence d'Aldis Service Plus, codétenue par Metro et Bon Appétit qu'il intègre peu de temps après. Après l'avoir redressé, il cherche un repreneur. Presque découragé, il tombe sur Hans Reischl qui rachète, satisfait de se développer à l'étranger. C'est le début de son ascension chez l'allemand.TRES RIGOUREUX ET METHODIQUE" C'est un avantage d'être français. Je peux me permettre de dire que je n'avais pas voulu dire cela ", admet-il, alors que seul son accent rappelle que la langue de Goethe n'est qu'une langue d'adoption. Dans les milieux allemands en revanche, il estime que cela le dessert puisqu'" un patron français est considéré comme un petit Napoléon ou un bordélique qui n'arrivera à rien ". Si l'image continue à lui coller dans la presse allemande, ses pairs ont compris que, sous ses allures de beau gosse toujours bronzé, se cachait un grand émotif, très rigoureux et méthodique, qui se demande chaque matin en arrivant à 6 heures à son bureau s'il est à la bonne place, obsédé par l'idée de bien faire.ParcoursNé en septembre 1956, Alain Caparros débute sa carrière en 1981 chez Yves Rocher. En 1994, il devient directeur général d'Aldi Marché. En 2000, il entre dans le groupe suisse Bon Appétit dont il devient directeur opérationnel en 2003 avant de le revendre à Rewe. En juillet 2004, il entre au directoire de Rewe, chargé de l'international. Au 1er septembre 2006 il devient porte-parole de la direction, trois mois plus tard il est nommé PDG.
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