La presse américaine s'allie pour peser sur le Net

Pour tenter d'enrayer l'érosion de ses recettes publicitaires, la presse quotidienne américaine fait front commun. Quatre des plus grands éditeurs de journaux du pays - Tribune Co, Gannett, Hearst et The New York Times Company - ont créé une régie commune sur Internet. Baptisée QuadrantOne, celle-ci permettra aux annonceurs d'acheter simultanément des espaces sur les sites Internet de 170 médias locaux appartenant à ces groupes - journaux, radios et télévisions - pour toucher potentiellement 50 millions de visiteurs uniques par mois." Imaginez placer la même publicité sur des centaines de sites locaux le même jour, en une transaction, c'est le pouvoir de ce réseau ", s'enthousiasme Dana Hayes, le président de QuadrantOne. Opérationnelle à partir du 1er avril, la régie sera ouverte à d'autres groupes de presse, mais les quotidiens The New York Times et USA Today, le titre phare de Gannett, continueront à travailler avec leur régie actuel." Pour la première fois, l'industrie des médias va pouvoir se battre efficacement pour récolter des recettes publicitaires que recueillent actuellement les portails nationaux ", assure Jack Williams, le président de Gannett Digital Ventures. Il ne s'agit toutefois pas de la première initiative du genre. Yahoo a créé une régie qui vend des espaces publicitaires nationaux sur Internet pour le compte d'éditeurs de presse dont McClatchy, Hearst et, depuis novembre, le groupe New York Times. Mais QuadrantOne permettra au secteur d'attirer plus facilement les annonceurs nationaux vers le marché fragmenté des médias locaux.PRESSION DES ACTIONNAIRESPour la presse américaine, il y urgence. Aux États-Unis, le marché de la publicité en ligne, dont profitent au premier chef des portails comme Yahoo et des sites nationaux comme CNN.com, devrait dépasser celui des médias écrits à partir de 2010.La création de QuadrantOne intervient alors que de grands quotidiens sont contraints de se restructurer du fait de la baisse de leurs revenus. Le New York Times, dont les recettes publicitaires se sont effondrées de 12 % en décembre, va se séparer de 100 journalistes, soit 7,5 % de ses effectifs rédactionnels. De son côté, le groupe Tribune & Co, qui a été racheté voilà deux mois par un consortium mené par le milliardaire Sam Zell, a annoncé la suppression de 150 postes au Los Angeles Times et de 100 autres postes au Chicago Tribune.Depuis 2004, la capitalisation boursière des entreprises du secteur a fondu de 42 %, soit de 23 milliards de dollars, ce qui a facilité le rachat de Tribune & Co. Des actionnaires qui ont amassé 10,5 % du capital du New York Times font aujourd'hui pression sur son conseil d'administration pour y obtenir quatre sièges et pour que le groupe accélère sa numérisation.
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