Une reconversion obligée pour 3.500 salariés

A Descartes, près d'Orléans, les 250 salariés de l'usine d'Evrit (groupe Saint-Gobain) ont de sérieux soucis à se faire. « Nous avons pris note de la décision gouvernementale sur l'interdiction de l'amiante, explique Bernard Giboin, patron de la branche matériaux de construction chez Saint-Gobain. Les conséquences en sont malheureusement claires : au 1er janvier prochain, l'activité de l'usine d'Evrit devra cesser, comme probablement celle d'autres sites français spécialisés dans les produits contenant de l'amiante. » En annonçant, hier, sa décision, Jacques Barrot s'est engagé à rencontrer les industriels concernés pour leur parler d'adaptation et de reconversion. Difficile de se reconvertir en cinq mois Mais les solutions en la matière ne sont pas évidentes : selon François Hébrard, directeur général adjoint de la CSFT (Chambre syndicale des fibres techniques), « on ne passe pas d'une technologie à l'autre en cinq mois ». En particulier, quand on n'en est pas vraiment convaincu... Les industriels de l'amiante ont toujours eu tendance à minimiser les risques dus à l'utilisation de ce matériau. Ils qualifient aujourd'hui la décision du ministre d'« effet d'annonce qui ne règle en rien le problème ». François Hébrard déclare encore, en complète contradiction avec les positions gouvernementales, que « pour les industries transformatrices qui fabriquent essentiellement de l'amiante-ciment, le risque est maîtrisé ». La Chambre syndicale tiendra une réunion dans les prochains jours pour déterminer sa position après avoir analysé le texte gouvernemental, et notamment les possibilités de dérogations. Aux menaces touchant la santé publique s'ajoute ainsi un problème purement industriel. La France, certes, n'est pas productrice directe d'amiante : les 35.000 tonnes utilisées annuellement sont intégralement importées, du Canada et de la Russie. Mais elle est fortement impliquée dans les activités de transformation. Tout d'abord dans la production de Fibrociment destiné au secteur du BTP (tuyaux, bardages et couvertures). Deux grosses entreprises dominent ce marché qui représente un volume de 440.000 tonnes et un chiffre d'affaires de 1,3 milliard de francs : Saint-Gobain et le belge Eternit, leader du secteur. Autres domaines, la fabrication de garnitures de freins de camions et de matériels d'isolation thermiques pour appareils industriels. En tout, 14 entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires compris entre 2,5 et 3 milliards de francs et emploient 3.500 personnes : Allied Signal dans les activités de friction, Pont-à-Mousson (groupe Saint-Gobain), les Filatures de la Vère, dans le textile, Sofajoint (étanchéité), etc. Restera aux groupes français les activités dans des pays où la législation sur l'amiante est moins restrictive ou carrément inexistante. C'est le cas de Saint-Gobain qui possède deux unités de production de Fibrociment au Brésil et au Mexique, auxquelles il faut ajouter sa participation dans une mine d'amiante au Brésil. Ce qui propulse Saint-Gobain au troisième rang mondial pour la production d'amiante. Aline Richard
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