Un cas d'école

Avec ses immenses ressources minières et sa population paupérisée, la République démocratique du Congo est un cas d'école parmi tous ces pays pour qui ressources ne riment pas avec développement. Dans un rapport paru fin 2005, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a dénoncé cette "course à l'abîme" que se mènent les pays en développement pour attirer les fameux IDE (investissements étrangers directs). Cette concurrence effrénée amène les États à baisser toujours plus leur pression fiscale, réduisant drastiquement leur part de revenus en provenance des industries extractives. Le rapport cite l'exemple du Tchad, qui a reçu seulement 4 dollars par baril exportés en 2004. Cette (non)-redistribution crée des tensions majeures, comme en témoignent les récentes prises d'otages au Nigeria. La population ne reçoit guère les fruits de sa propre terre.La Cnuced recommande donc aux États de revoir les règles de fiscalisation, voire de s'entendre "sur des principes généraux". Mais faute d'un État légitime, cette recommandation risque bien de rester lettre morte. Là encore, le Congo fait figure d'exemple dramatique. Les chiffres d'exportation de minerais sont sans rapport avec ce qui sort vraiment du pays. La faute à l'extraction artisanale, certes, mais du côté des entreprises, la taxe prend la forme d'un bakchich direct, ou indirect, profitant à quelques potentats. Tout le système de redistribution se retrouve bloqué. Faute d'un budget suffisant, l'État congolais ne paye pas son armée, et que sporadiquement ses fonctionnaires.Du coup, ceux-ci participent aussi au pillage, ou "privatisent" par eux-mêmes les services publics. Ainsi, si on peut aller à l'hôpital ou au dispensaire gratuitement au Congo, il faut payer de l'acte médical à la seringue utilisée. Seul remède à cette économie du pillage : l'instauration d'un gouvernement légitime, capable de lever l'impôt et de remplir ses fonctions régaliennes. Or, dans les pays en développement, si la démocratie est établie pour un grand nombre d'entre eux, la transparence des flux économiques tarde à se généraliser.B. F.
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