Les États américains contre les banques

Parmi les grands " scandales " causés par la crise des subprimes, il y a celui des obligations municipales à taux fixés par enchères, les auction-rates securities (ARS). Ces titres sont émis par des collectivités locales, par des groupes publics ou parapublics comme des aéroports ou des écoles ou encore par certaines associations. Ces produits sont des obligations dont le taux est fixé par des enchères qui ont lieu tous les 7, 28 ou 35 jours. Si ces enchères ne peuvent se tenir faute d'acheteurs, l'émetteur doit payer un taux de pénalité au détenteur du titre qui peut aller jusqu'à 20 %.Jusqu'en 2006, les ARS étaient très populaires aux États-Unis : la forte liquidité du marché assurait des taux bas. Le marché dépassait alors les 330 milliards de dollars. Au début de la crise, les banques, qui organisent elles-mêmes ce marché, se sont d'abord substituées aux acheteurs pour empêcher le paiement de taux de pénalité. En février, le système s'est cependant effondré. Les difficultés des rehausseurs de crédit, qui garantissent le triple A de nombre d'ARS, forcent les banques d'affaires à se retirer du système afin de ne pas prendre de nouveaux risques dans leurs bilans déjà très dégradés. Du coup, les émetteurs voient la facture tomber : les taux de pénalité font exploser leurs frais financiers.UN MARCHE TOTALEMENT DEVASTECinq mois après, le marché est encore dévasté. Les émetteurs effrayés ont cessé d'émettre et cherchent à sortir du marché pour se tourner vers des modes de financement plus classiques. Aujourd'hui, on estime que le nombre d'ARS en circulation est inférieur de 53 % à ce qu'il était voici un an. Évidemment, ce fiasco directement issu de la crise financière a fait grincer des dents dans les collectivités locales américaines. Beaucoup estiment avoir été flouées par des banques d'affaires. C'est le cas de l'État de Massachusetts, qui a porté plainte la semaine dernière contre UBS, qui a été une des premières banques à cesser de racheter les titres qui ne trouvaient pas preneurs. Pour le gouvernement du Massachusetts, UBS a fait croire aux investisseurs que les ARS étaient des instruments financiers à court terme, pouvant s'échanger chaque semaine, alors qu'il s'agit en réalité de titres à long terme visant à financer des infrastructures. En fait, neuf États américains se sont regroupés pour attaquer les banques sur ce problème des ARS. Parallèlement, le procureur de New York a lancé une enquête sur dix-huit banques. Et déjà les avocats, un peu partout aux États-Unis, tentent de rameuter les victimes potentielles pour lancer de nouveaux procès...
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