4G : la couverture d'un réseau mobile, comment ça marche ?

Un réseau « national » 4G : c\'est l\'argument commercial numéro un de Bouygues Telecom qui allume ce mardi des milliers d\'antennes. Le numéro trois français du mobile affirme couvrir 63% de la population - « et même un peu plus, nous sommes conservateurs » glisse un dirigeant - soit 40 millions de Français au 1er octobre. « La couverture est le gage de réussite dans le lancement de la 4G » a fait valoir ce mardi Martin Bouygues. Orange et SFR se situent plutôt entre 25% et 30% et promettent « au moins 40% » de la population à la fin de l\'année 2013. Pourtant, lorsque l\'on regarde les cartes des trois opérateurs - Free Mobile n\'a pas lancé de service 4G - force est de constater qu\'une large partie de l\'Hexagone est encore exclue de ces déploiements. Explications.La 4G de Bouygues couvre 20% du territoire Selon nos informations, le réseau 4G de Bouygues Telecom couvre 20% du territoire, ce que confirment plusieurs sources bien au fait des déploiements. Ses concurrents se situeraient entre 13% et 15%, selon un professionnel du secteur. « Il vaut mieux ne pas être trop mobile » persifle un concurrent. Comme ses rivaux, Bouygues s\'est naturellement concentré sur les zones de vie, les grandes villes et les agglomérations, mais aussi quelques plus petites villes comme Vierzon, dans le Cher (27.000 habitants). Là où le potentiel commercial permet d\'envisager un déploiement rentable. Les opérateurs arbitrent en fonction de la densité de population, très variable sur le territoire français, certains départements, en particulier les plus montagneux, étant difficiles à couvrir. Grosso modo, « 0,1% de la population équivaut environ à 1% du territoire en km2 » explique Pierre-Alain Allemand, le directeur exécutif des réseaux chez SFR. Ainsi, fin 2010, SFR couvrait 92% de la population en 3G+ mais seulement 65% du territoire. Il est passé en septembre 2013 à 99,3% de la population et 92% du territoire, « un saut quantique en termes de surface » s\'est félicité l\'opérateur.Le gendarme des télécoms ne contrôlera que dans 2 ans Ceci dit, attention, les pourcentages de couverture annoncés par les opérateurs en 4G sont pour l\'instant déclaratifs : le gendarme des télécoms, l\'Arcep, n\'a pas encore officiellement contrôlé leur validité. En effet, qu\'il s\'agisse de 2G, 3G ou 4G, les opérateurs publient des cartes de couverture, issues d\'une méthode prédictive par modélisation (combinant simulation de propagation des ondes électriques, topographie, paramètres des antennes), dont la précision varierait entre quelques dizaines et quelques centaines de mètres. Ensuite, l\'Arcep vérifie a posteriori sur le terrain s\'ils tiennent les obligations de couverture inscrites dans leurs licences, dans un souci d\'aménagement du territoire. Le régulateur mandate des prestataires chargés de campagnes de mesures afin de déterminer l\'empreinte et la disponibilité géographiques des réseaux, en extérieur. Pour calculer le taux de couverture, l\'Arcep utilise une base de données géolocalisées de la répartition de la population métropolitaine, croisant les adresses postales et annuaires téléphoniques. Ces contrôles donnent parfois lieu à des mises en demeure, ce qui est arrivé pour la 3G à Bouygues en 2007, puis à Orange et SFR en 2009. Concernant la 4G, l\'échéance n\'est fixée que dans deux ans, en octobre 2015. A cette date, les quatre opérateurs mobiles devront avoir couvert 25% de la population. On sera visiblement bien au-delà. De nouvelles obligations ont été ajoutées dans les licences 4G, plus exigeantes en matière d\'aménagement du territoire, à horizon 2017 et 2022.Un observatoire des déploiements par opérateur Toutefois, derrière ce flou des réclames des uns et des autres - « la meilleure 4G », la meilleure couverture de Paris, etc - il y a des chiffres. L\'Agence nationale des fréquences (ANFR) publie chaque mois un observatoire des déploiements des réseaux mobiles, depuis novembre dernier, à la demande des ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, en pleine polémique sur la couverture du réseau en propre de Free Mobile. On y apprend le nombre d\'antennes en service et le nombre de sites autorisés par opérateur et par type de fréquence, des indicateurs très suivis dans le secteur et qui donnent une vision assez nette de l\'état des déploiements. Au 1er octobre, selon les chiffres mis à jour ce mardi matin, Bouygues Telecom disposait de 3.804 sites 4G en service, 50% de plus qu\'Orange (2.469) et six fois plus que SFR (620), tandis que Free reste à 14 antennes 4G en service. Et Bouygues en a 1.545 de plus ayant reçu l\'autorisation d\'émettre mais pas encore en service, pour une question de \"montée en charge\", et dispose ainsi de la moitié des 10.823 sites autorisés en 4G, tous opérateurs confondus. Un document technique, trop pour les profanes, mais qui témoigne que la filiale de Bouygues a mis les bouchées doubles pour accélérer son déploiement. L\'ANFR publie également sur un site dédié, cartoradio.fr, accessible à tous, affichant l\'intégralité des antennes par opérateur pour vérifier si l\'on est bien couvert. En outre, de nombreuses applications mobiles comme Sensorly s\'appuient sur les utilisateurs pour cartographier la couverture des opérateurs, en leur proposant de se géolocaliser à l\'aide de leur smartphone.La 4G en Ariège et en Ardèche en 2024 ? « La 4G pour tous », comme le promet Bouygues Telecom, est-ce pour bientôt ? Rappelons tout d\'abord que même en 2G, l\'intégralité du territoire métropolitain n\'est pas couverte, ni même de la population. Certains départements comme l\'Ariège, la Lozère, l\'Ardèche, ceux des Alpes et de Corse, ne sont couverts qu\'entre 55% et 79% selon les opérateurs. Pour ces zones reculées, il existe le programme « zones blanches », piloté par la DATAR, dont l\'objectif est de couvrir le centre-bourg de chacune des communes de France. Mais c\'est une autre logique que les obligations de couverture. Concernant la 4G, une nouvelle « zone de déploiement prioritaire » a été créée pour contraindre les opérateurs à déployer dans les zones peu denses. Les trois opérateurs qui ont obtenu des fréquences de très bonne qualité 800 Mhz - à savoir Orange, SFR et Bouygues, Free Mobile ayant fait une offre trop basse lors des enchères - devront couvrir 40% de la population de cette zone, qui correspond à 18% de la population et 63% du territoire, en janvier 2017, puis 90% en 2022. Une autre obligation a été créée pour les zones les plus victimes de la fracture numérique : ces opérateurs devront également couvrir 90% de la population dans chaque département en 2024 et 95% en 2027. Le but : qu\'aucun département ne soit laissé de côté. Il reste à voir si les obligations seront tenues ou si les opérateurs demanderont des délais de grâce.
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