Avec l'iPad, Apple court-circuite les géants des microprocesseurs

Avant l'iPad, Apple maîtrisait déjà le design de son matériel (le hardware), de ses systèmes d'exploitation (le software), son magasin de musique en ligne iTunes, son magasin de logiciels App Store, et, incidemment, les numéros de cartes bancaires de plusieurs dizaines de millions de clients. Avec sa nouvelle tablette, Apple a encore renforcé son intégration verticale et le contrôle qu'il exerce sur ses produits et la chaîne de valeur. En effet, pour la première fois de son histoire, La marque à la pomme a elle-même développé le microprocesseur (le « cerveau » de l'appareil) qui équipera l'iPad, bousculant ainsi les usages d'industries habituées à acheter ces composants auprès d'industriels du semi-conducteur ? Intel et AMD pour le PC, Qualcomm et consorts pour les télécoms.« Apple va à contre-courant de l'industrie, ça me semble très malin. Le groupe veut avoir un contrôle étroit de son hardware, afin de pouvoir optimiser son logiciel [qui doit être écrit pour le microprocesseur sur lequel il fonctionne, Ndlr] », explique Jerôme Ramel, analyste semi-conducteur chez Exane BNP Paribas.Une puce qui « déchire »Lors de sa présentation de l'iPad, Steve Jobs n'a pas lésiné sur les superlatifs concernant cette puce, baptisée A4. « Nous avons une équipe incroyable sur le semi-conduteur chez Apple. Cette puce fait tout, le processeur, elle gère les graphiques, contrôle la mémoire, et elle déchire (« it screams ») », a-t-il scandé.Cette rupture avec l'historique de la marque, dont les Mac ont successivement fonctionné avec des microprocesseurs Motorola, IBM et Intel, n'est en revanche qu'une demi-surprise pour les analystes, compte tenu de l'intérêt croissant montré par Apple pour le semi-conducteur. Le groupe avait en effet acheté en 2008 l'entreprise PA Semi pour 278 millions de dollars. Forte de 150 personnes, PA Semi était spécialisée dans les microprocesseurs basse consommation, un élément critique pour les appareils en mobilité. Pour l'iPad, Apple revendique une autonomie « pouvant aller jusqu'à dix heures ». Le groupe avait aussi débauché Mark Papermaster chez IBM, où il était en charge du développement des technologies de microprocesseurs, provoquant la fureur d'IBM qui invoquait la clause de non-concurrence de ce dernier.« L'expertise de PA Semi, ce n'était pas la puissance, mais la consommation, sur laquelle Intel n'est pas au point », note Jerôme Ramel. « Ça leur permettra également d'être moins dépendant de Samsung, qui fournit à la fois la puce et la mémoire de l'iPhone, ce qui représente un tiers du prix de l'appareil. »
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