La dette de Lafarge inquiète à nouveau les marchés

Réduire sa dette nette ? qui atteignait 14,4 milliards d'euros au premier trimestre ? c'est plus que jamais pour Lafarge un impératif catégorique. Le groupe cimentier a annoncé vendredi qu'il envisageait de vendre jusqu'à 11,2 % du capital du cimentier malais Lafarge Malayan Cement Berhad (LMCB). Cette cession pourrait lui rapporter, si l'on se fonde sur le cours de clôture de LMCB jeudi 1er juillet, près de 156 millions d'euros. Une telle cession s'inscrira dans le programme de 300 à 500 millions d'euros de ventes d'actifs non stratégiques que Lafarge prévoit de réaliser sur 2 010.Orascom a plombé LafargeIl n'empêche ! Si l'acquisition fin 2007 par le numéro un mondial du ciment pour 8,8 milliards d'euros de l'égyptien Orascom, leader du ciment au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen, a permis au groupe français de se bâtir un empire autour de la Méditerranée, cette acquisition l'a lourdement endetté. Or en parallèle, la crise financière conjuguée au retournement économique et notamment à l'effondrement des marchés de la construction neuve a tout à la fois compliqué et rendu plus nécessaire le désendettement du groupe.14,4 milliards de dette netteCertes, Lafarge a réduit sa dette nette de 3,1 milliards d'euros en 2009. Mais celle-ci demeure à un niveau élevé de 14,4 milliards d'euros et reviendrait tout au plus selon CM-CIC Securities à 13,4 milliards d'euros à la fin 2010. L'agence de notation Standard & Poor's a rappelé le 24 juin qu'elle avait placé en mars le cimentier, déjà noté BBB - depuis 2009, sous perspective négative et qu'elle maintenait ce rating. Si la capacité de Lafarge à rembourser sa dette reste suffisante, le groupe est considéré comme étant plus susceptible d'être affecté par des conditions macroéconomiques défavorables.S&P souligne les très fortes positions de Lafarge, sa diversification géographique et relève aussi que le management est « très détermin頻 à réaliser les 200 millions d'euros de réduction de coûts auquel il s'est engagé.Repli des résultats trimestrielsMais le cimentier a enregistré un repli de 9,7 % de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2010 (par rapport à la période de janvier à mars 2009) après avoir connu une baisse de ses ventes de 16,5 % en 2009. S&P rappelle que l'excédent brut d'exploitation a aussi chuté de 22 % en 2009 et le bénéfice net de 30 %, ce qui équivaut à une contraction de 2,6 points de la marge brute d'exploitation à 22,3 % et à un repli de la marge opérationnelle à 15,6 % contre 18,6 % en 2008. Ceci reflète, commente S&P's, " une combinaison de coûts de restructuration, baisse des volumes et de facture énergétique volatile ". Or les conditions de marché vont rester difficiles et la demande pour la construction neuve faible.Lafarge risque de devoir décaisser 339 millions d'eurosEn outre, la Cour européenne de justice a confirmé le 18 juin une amende de 249,6 millions d'euros infligée en 2002 au cimentier français pour pratiques anticoncurrentielles sur le marché des plaques en plâtre. Le groupe risque de devoir décaisser 339 millions d'euros, compte tenu des intérêts financiers. Quand bien même le paiement pourrait en être étalé sur plusieurs années, « cette amende et le paiement du dividende risquent de retarder le rétablissement des ratios de crédit pour le groupe », soulignent les analystes de S&P's.« Ces derniers et notamment le ratio cash-flow opérationnel avant variation du besoin en fonds de roulement, rapporté à la dette, de près de 20 % en 2010 risquent de ne pas être proportionné à nos attentes, et ce en dépit des efforts du management de réduire l'endettement et d'accroître la génération de cash-flow en 2009 ».Scénario catastrophe ? « Un scénario catastrophe d'une accélération de la chute des marchés de construction à deux chiffres en 2010, qui inclurait des perturbations en termes de prix sur des marchés clés, nous inciterait aussi à réviser notre notation », conclut S&P's.Autant d'avertissements qui ont incité le courtier CM-CIC Securities à revoir son objectif de cours de 65 à 54 euros et de ramener sa recommandation sur le titre d'achat à conserver. Le titre Lafarge a clos vendredi en baisse de 1,63 % à 41 euros, soit son plus-bas niveau sur un an glissant.
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