Il ne fait pas bon se retrouver au milieu d'une mutinerie au sein du quartier de haute sécurité d'une prison. Surtout quand on est maton. Juan (Alberto Amman) s'en rend bien compte lorsqu'il visite pour la première fois l'établissement pénitentiaire dans lequel il doit commencer à travailler. Pris au piège, le jeune homme, que personne ne connaît, décide de se faire passer pour un détenu nouvellement incarcéré afin d'en sortir vivant...Qu'on se le dise?: Jacques Audiard, le réalisateur du « Prophète », n'est pas le seul à pouvoir donner une vision aussi crue de l'univers carcéral. Avec « Cellule 211 », le cinéaste Daniel Monzón et son scénariste Jorge Guerricaechevarría ont réussi une adaptation des plus réalistes du roman de Francisco Pérez Gandul.À l'instar du réalisateur français, l'Espagnol nous enferre dans un huis clos étouffant. En suivant la révolte de Malamadre (l'excellent Luis Tosar, maintes fois récompensé en Espagne) et de ses camarades, il nous plonge dans cet environnement méconnu et des plus hostiles. Sans pour autant sombrer dans le documentaire. Sobre mais pas austère, sa mise en scène sert une intrigue originale et bien conçue. Comme Juan, qui se lie d'une amitié atypique avec Malamadre, on finit peu à peu par comprendre les revendications de ces meurtriers qui demandent que le quotidien de ces quartiers de haute sécurité devienne un minimum viable.Alberto Amman (goya du meilleur espoir masculin), en jeune gardien « borderline », et Luis Tosar (goya du meilleur acteur), en gros bras pas si bête et méchant que ça, donnent au film le petit plus qui aurait pu lui manquer?: l'humanité. Le tout sans caricatures.Succès public (plus de 2 millions d'entrées en Espagne) et critique, lauréat de 8 goyas (l'équivalent espagnol de nos césars) dont celui du meilleur film, « Cellule 211 » s'impose indubitablement comme le film espagnol de l'année.

latribune.fr

03 Août 2010, 23:27

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