Au XXIe siècle, la culture dominante sur Internet ne sera plus nord-américaine

Internet constitue déjà la plus grande base d'informations culturelles mises à disposition du grand public. Dans les années qui viennent, les nouvelles offres de téléviseurs connectés vont en propager massivement l'usage dans les foyers où l'ordinateur n'aura pas encore réussi à s'imposer. De plus, la multiplication d'objets high-tech mobiles associés à des services en ligne va étendre les comportements des internautes à potentiellement toutes les situations d'accès à la culture, laissant à chacun la possibilité de choisir ses modes d'accès préférés et de partager ses propres préférences avec l'ensemble du public.Depuis le début du XXIe siècle, le changement qualitatif dans nos habitudes d'accès à la culture a surtout été un changement quantitatif. En dix ans, le taux d'internautes est passé de 7 % à 30 % de la population mondiale. Le taux d'abonnements à la téléphonie mobile est passé de 10 % à 73 %. En 2010, le nombre d'objets numériques mobiles multimédia en circulation devrait atteindre 3 milliards d'unités, pour une population mondiale de 6,8 milliards d'habitants. Ces tendances lourdes ne se limitent pas aux usages des ordinateurs personnels ni aux smartphones. Elles touchent le téléviseur du foyer, la projection cinéma, la lecture qui devient numérique.La démocratisation des accès à la culture via des médias numériques ne sera probablement pas terminée dans dix ans. Les moyennes mondiales vont continuer de croître de manière soutenue, mais de fortes disparités persisteront entre régions et entre populations du monde. L'accès à Internet ne sera certainement pas disponible pour tous dans le monde à la fin de la prochaine décennie.Internet sert encore à diffuser majoritairement la culture nord-américaine. Jusqu'à la fin du XXe siècle, Internet a privilégié la diffusion de sa propre culture, celle des grandes universités américaines, des industries de l'informatique, des télécommunications et celle des start-up issues majoritairement de la Silicon Valley. Au début du XXIe siècle, les applications du Web ont permis aux internautes de diffuser leurs propres contenus et parallèlement, les acteurs institutionnels du monde de la culture ont commencé à proposer leurs services à ces mêmes internautes, alors majoritairement nord-américains. La culture dominante sur Internet est celle des acteurs qui ont jusqu'ici le plus contribué à son développement, en termes de production, de « consommation » et de transmission des contenus et services culturels.Le paysage culturel accessible par les technologies numériques devrait être modifié profondément au cours de la prochaine décennie. Depuis 2008, le nombre d'internautes en Chine est plus élevé que celui de la population des États-Unis et l'Asie devrait devenir dans les dix ans qui viennent le plus grand marché au monde pour l'e-commerce, devant l'Europe qui a déjà dépassé l'Amérique du Nord. Alors que les usages des réseaux numériques sont sur le point d'être étendus massivement à l'ensemble des situations d'accès à la culture, il appartient à chacun d'y favoriser, par son comportement de public/consommateur, de producteur ou de diffuseur, la représentation de sa ou de ses cultures préférées.Par Philippe Torres Responsable études de l'Atelier BNP Paribas
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