Iberia, le boulet de British Airways

Willie Walsh, le directeur général de IAG, l’entité qui coiffe British Airways et Iberia, doit parfois regretter d’avoir accepté, du temps où il était directeur général de British Airways, ce rapprochement avec la compagnie ibérique. C’était le 29 juillet 2008, lors de l’annonce des fiançailles qui se sont par la suite éternisées puisque la fusion n’a été effective que deux ans et demi plus tard. Lui qui n’avait jamais été chaud pour ce rapprochement avait finalement accepté les avances d\'Iberia, son alliée dans l’alliance Oneworld, laquelle lui faisait du pied depuis la fin des années 90. Plus qu’Iberia, une compagnie pourtant bien gérée mais qui commençait à souffrir du développement du TGV et des low cost, c’est la conjoncture qui a convaincu Willie Walsh. Ce dernier aurait préféré en effet une opération plus structurante destinée à transformer British Airways. D’où les négociations au deuxième semestre 2008 pour un rapprochement avec le transporteur australien Qantas.Pourquoi le mariage de raisonMais en juillet 2008, le prix du baril de pétrole venait de frôler les 150 dollars après un an de hausse continue et personne ne savait à ce moment là,qu\'il redescendrait à moins de 50 dollars en fin d’année. Au contraire, certains experts le voyaient déjà à 200 dollars. Un cauchemar pour Willie Walsh alors que British Airways était la compagnie européenne la plus pénalisée en Europe de la flambée du baril. En revanche, les synergies qu’avaient réussies à dégager Air France et KLM et Lufthansa et Swiss de leur rapprochement respectifg en 2004 et 2005 leur permettaient de limiter les dégats. Ces deux seuls exemples concluants de consolidation en Europe pouvaient laisser croire que ces rapprochements constituaient la meilleure solution face à la crise. Or, en 2008, British Airways craignait donc d’être isolée et distancée. Ses deux rivaux Air France-KLM et Lufthansa jouaient des coudes pour accélérer la consolidation du ciel européen. Air France-KLM lorgnait Alitalia, tandis que Lufthansa préparait plusieurs offensives en Europe (BMI, Austrian Airlines, Brussels Airlines).Perte opérationnelle de 351 millions d\'euros pour IberiaAujourd’hui, Iberia constitue un véritable boulet pour British Airways. Alors que la compagnie britannique a dégagé en 2012 un bénéfice opérationnel avant éléments exceptionnels de 347 millions d\'euros, Iberia a en effet accusé une perte opérationnelle de 351 millions. Résultat : IAG a accusé une perte opérationnelle de 23 millions en 2012 (contre un bénéfice de 485 millions en 2011) et une perte nette de 943 millions en raison des coûts de restructuration d\'Iberia et d\'une dépréciation de la valeur des actifs de la compagnie espagnole. Ceci en dépit d\'une hausse de 10,9% du chiffre d\'affaires, à 18,117 milliards d\'euros. Le groupe a été frappé par une hausse de 20,4% de sa facture de carburant à 6,101 milliards. En 2013, IAG s\'attend à être encore pénalisé par les coûts liés à la restructuration d\'Iberia. En termes financiers, le groupe table sur un résultat opérationnel avant éléments exceptionnels meilleur que celui de 2011.TGV et low cost, le cocktail explosifComme tant d\'autres de compagnies aériennes européennes (Air France, Lufthansa, Alitalia)  Iberia souffre plus que jamais de la concurrence du TGV et des low cost sur son réseau court et moyen-courrier mais aussi de la grande faiblesse du marché espagnol. Pour redresser sa filiale espagnole IAG a pris des mesures radicales en supprimant 3.800 postes sur environ 20.000. Iberia avait d\'ailleurs déjà réduit ses effectifs de 10 % en 2009, de 6 % en 2008, et 4 % environ en 2007. « Iberia doit s\'adapter pour survivre », a indiqué vendredi Willie Walsh.Grève de 5 joursAprès des mois de négociations, aucun accord n’a été trouvé avec les syndicats. Les grèves s’enchainent. Après une première grève organisée du 18 au 22 février, une nouvelle de 5 jours débute ce lundi. Entre les 4 et 8 mars, environ 1.370 vols d\'Iberia, de sa filiale Iberia Express et de ses partenaires Air Nostrum et Vueling, la plupart domestiques ou à destination de l\'Europe, devraient être annulés selon Iberia. Un troisième débrayage est prévu du 18 au 22 mars. Dans le même temps, IAG cherche à prendre le contrôle à 100% de la low cost Vueling, dont 45,85% du capital appartiennent à Iberia.OPA sur VuelingL\'autorité boursière espagnole, la CNMV, a annoncé mercredi dernier avoir donné son feu vert à l\'OPA d\'IAG sur les 54,15% du capital restant de Vueling. Cette partie du capital coûterait environ 113 millions d\'euros à IAG. Le rachat de Vueling permettrait à IAG de disposer d’un véhicule à bas coûts pour, pourquoi pas à terme, assurer l’ensemble du réseau court et moyen-courrier d’Iberia. 
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