Air France-KLM, dernier de la classe à la Bourse de Paris

Il est bien loin le temps où l'action d'Air France-KLM culminait à 38 euros. C'était en 2007. Aujourd'hui, après la tempête financière estivale, elle végète autour des 6,5 euros (6,4 euros vendredi), très loin de son cours d'introduction de 14 euros en... 1999. Résultat, alors que ses actifs se comptent en dizaines de milliards d'euros, la valorisation boursière du groupe est inférieure à 2 milliards d'euros, l'équivalent de cinq malheureux A380. Pis, avec une chute de 53 % depuis le 1er janvier, l'action Air France-KLM enregistre la plus mauvaise performance de l'indice SBF 120. Une descente régulière jusqu'à début juillet (le cours est de 14,6 euros début janvier à 10 euros) avant un décrochage marqué à partir du 22 juillet vers le cours d'aujourd'hui. S'ils baissent eux aussi en Bourse, ses deux rivaux européens ont moins dévissé. Lufthansa a en effet reculé deux fois moins, et IAG (l'entité qui coiffe British Airways et Iberia) a perdu 39 % de sa valeur. Si le prix bradé d'Air France-KLM devrait pousser les investisseurs à acheter, cela n'a pourtant pas été le cas jusqu'ici.Trésor de guerreAprès la déception des résultats trimestriels d'Air France-KLM (? 145 millions d'euros de résultat d'exploitation courant, en partie à cause du faible gain sur les couvertures carburant), les investisseurs craignent l'impact sur la performance du groupe des révisions à la baisse des perspectives de croissance économique. Pour beaucoup d'analystes, le groupe français est le moins bien placé en cas de ralentissement du trafic. « Cela va être difficile pour les entreprises à fort levier opérationnel comme Air France-KLM », explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. Et de préciser : « Le groupe français a besoin de croissance pour dégager des marges élevées. S'il n'y a pas de croissance, ses marges peuvent être fortement négatives en raison de sa base de coûts fixes plus élevée que certains de ses concurrents. » Certains remettent en cause l'objectif de bénéfice d'exploitation d'Air France-KLM en 2011. C'est le cas de Neil Glynn, analyste au Credit Suisse, qui estime que le groupe sera déficitaire en 2011 et également en 2012. Interrogé par Reuters, le directeur financier du groupe aérien, Philippe Calavia, a jugé prématuré de se prononcer sur l'année 2011 au regard des résultats de juillet (le trafic, les coefficients d'occupation et la recette unitaire ont augmenté) et d'août mais aussi en tenant compte des réservations pour les prochains mois. « À ce stade, on ne peut pas dire que les troubles financiers du mois d'août ont eu un impact négatif sur nos métiers. Si la dégradation de la conjoncture financière devait se traduire par des changements significatifs de comportement de nos clients, cela rendrait les choses plus compliquées, surtout si le prix du carburant reste aux alentours de 110-115 dollars. » La dette est l'autre point qui inquiète les analystes. Au 30 juin, la dette nette d'Air France-KLM atteignait 6 milliards d'euros contre 1,4 milliard pour Lufthansa. « À cela s'ajoute une obligation convertible à rembourser de 450 millions d'euros en avril 2012, [cela est fortement probable même si le groupe peut la différer à 2016 ou 2020, ndlr]. Si le dossier du rachat d'Alitalia s'ouvre fin 2012 alors que son bilan n'a pas été redressé, il sera difficile de faire appel au marché », estime Yan Derocles. Le groupe dispose néanmoins d'un trésor de guerre avec ses 15 % dans Amadeus, un gain potentiel d'environ 1 milliard d'euros.
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