Édito : la fausse note EMI

Les fonds d'investissement sont finalement des entreprises comme les autres. Quand tout se passe bien, personne ne cherche trop à comprendre la stratégie. Forcément bonne, dès lors qu'elle « délivre », pour prendre cet horrible anglicisme cher aux financiers, « délivrer » voulant dire ici produire les résultats promis ou plus. En revanche, quand les choses tournent mal, les questions surgissent. C'est ce qui se passe actuellement avec Terra Firma, empêtré avec la maison de disques EMI, rachetée pour près de 7 milliards d'euros en 2007. Investir autant d'argent dans ce secteur alors que l'industrie musicale ne semblait pas trouver d'issue à la crise qui la secouait, pouvait paraître gonflé. C'était voulu. Le fonds revendique crânement de vouloir être le champion des investissements à contre-courant (« leading contrarian investment firm »). C'est gagné ! EMI a terminé l'année 2009 sur une perte nette de 1,6 milliard de livres, équivalent à son chiffre d'affaires. Résultat de ce LBO, la maison de disques des Beatles et de Robbie Williams croule sous les dettes et risque de devoir déposer le bilan et de passer sous le contrôle des créanciers, faute de respecter les ratios bancaires. Terra Firma, qui a lancé un appel de fonds auprès de ses propres investisseurs, pourrait aussi y laisser des plumes. À investir à contre-courant, le fonds a pris le risque d'accélérer l'attrition d'EMI. Certes, la conjoncture n'a pas aidé. Mais le fait est que les autres majors de la musique se portent moins mal. Pour laisser s'exprimer le potentiel caché des entreprises dans lesquels il investit, comme il le promet, Terra Firma aurait été mieux inspiré de ne pas écraser EMI sous la dette d'un LBO.
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