Natixis accélère sa cure de désintoxication

À la veille de Noël 2008, sous la pression des autorités de régulation, Natixis avait annoncé la création d'une structure de cantonnement de ses actifs à risque, baptisée « GAPC » (gestion active des portefeuilles cantonnés). Elle regroupait alors 19 milliards d'euros d'actifs (puis 31 milliards à partir de février 2009). L'objectif était de les isoler pour les gérer en extinction. Plus de 18 mois plus tard, la filiale de BPCE a décidé de hâter le pas : elle a annoncé, lundi, la cession d'une partie de cette structure à une « contrepartie bancaire », dont l'identité n'a pas été dévoilée. L'opération concerne « l'essentiel [...] des dérivés complexes de crédit ». La banque n'a pas précisé la valeur du portefeuille concerné. Au 31 mars dernier, il représentait 8,6 milliards d'euros d'encours pondérés.Pour rappel, ces actifs n'entrent pas dans le cadre de la garantie que BPCE avait apportée en juillet 2009 sur une partie de GAPC. Les céder permet donc à Natixis de réduire sensiblement son exposition, puisqu'ils représentent, en termes de risque, près de 72% des portefeuilles non garantis. « Outre la réduction du profil de risque, cette opération permet d'anticiper le durcissement des exigences en capital réglementaire à venir pour ce type d'actif », ajoute un proche de Natixis. Pour l'heure, il est impossible de mesurer l'impact financier de cette décision, mais la banque a indiqué qu'elle apportera des précisions à l'occasion de la publication des résultats du deuxième trimestre, le 5 août. Un flou perturbant pour les marchés. Lundi, le titre a reculé de 2,98%, à 3,32 euros, alors que son indice de référence, le SBF 250, perdait 0,43%. « Le manque d'information, notamment sur la nature et le montant des actifs cédés, rend cette opération peu intelligible », juge un analyste. Réduire le risque de marchéDans un communiqué, la banque se borne à indiquer que « cette transaction aura un impact peu significatif sur les résultats du premier semestre 2010 ». D'après plusieurs sources de marché, cet « impact » devrait être négatif. Quant à la réduction du profil de risque attendue, elle n'interviendra pas au deuxième trimestre, mais s'étalera dans le temps à partir de l'automne. Enfin, la cession du portefeuille permettra de faire disparaître l'essentiel du risque de marché qui lui est attaché, mais pas du risque de crédit. À la suite de cette opération, si l'on exclut le solde du portefeuille de dérivés complexes de crédit, la partie de GAPC non garantie par BPCE ne représentera plus que 3,4 milliards d'euros d'encours pondérés. S'agissant de la partie garantie, qui regroupe essentiellement des titres de créances immobilières (RMBS) ou des crédits structurés (CDO), sa valeur était de 39 milliards d'euros au 31 mars 2010. Depuis le début de l'année 2009, le coût du risque lié à la GAPC a considérablement diminué : il est passé de ?740 millions d'euros au 31 mars 2009 à +14 millions d'euros un an plus tard. Et, alors qu'elle accusait une perte avant impôt de 1,96 milliard d'euros au 31 mars 2009, la structure était presque à l'équilibre le 31 mars dernier. À cette date, la banque affichait un ratio de fonds propres Tier One de 9,5%.
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