Commerzbank : Berlin veut garder sa minorité de blocage

L'État fédéral allemand n'entend pas réduire rapidement sa participation dans Commerzbank. Citant notamment Florian Toncar, président de la commission de contrôle de l'aide bancaire au Bundestag, le quotidien « Handelsblatt » affirme jeudi que Berlin ne veut pas laisser sa participation dans la deuxième banque allemande être diluée en cas d'augmentation de capital. Au début de l'année 2009, alors que Commerzbank était rudement frappée par la crise financière, Berlin a injecté 18,2 milliards d'euros dans son capital afin de lui permettre d'achever le rachat de la Dresdner Bank. Cette somme est, pour l'essentiel (16,4 milliards d'euros), du « capital dormant », qui ne donne pas de droits de vote, mais donne lieu au paiement de 9 % d'intérêts et doit être remboursée. L'État fédéral a également pris une participation directe de 25 % plus une action dans le capital de Commerzbank, c'est-à-dire une minorité de blocage, afin d'avoir un droit de regard sur la stratégie de la banque. Depuis cette date, une des priorités de la direction de la Commerzbank est de regagner son indépendance et notamment de rembourser le « capital dormant ». À Francfort, chacun sait que Martin Blessing prépare pour cela une levée de fonds. Pour l'instant, le niveau de l'action ne lui permettrait, selon le « Handelsblatt », de ne lever que 3 milliards d'euros. C'est trop peu. Mais c'est une question de temps : la banque devrait cette année retrouver les bénéfices. Et les analystes sont positifs sur les perspectives du titre. pas prêt à laisser faireBerlin perdrait doublement à une augmentation de capital : d'une part, il devrait, par l'effet de la dilution, abandonner sa minorité de blocage et son contrôle de la stratégie, et d'autre part, il renoncerait aux intérêts sur le « capital dormant ». Au ministère des Finances, on n'est pas prêt à laisser faire la direction de la banque. D'autant que l'établissement n'a pas payé ses intérêts en 2009 et ne devrait pas en payer en 2010 car elle en est dispensée en cas de pertes nettes. Du coup, l'aide de l'État aura été acquise à bon compte pour Commerzbank. C'est pourquoi, en cas d'augmentation de capital, Berlin devrait transformer une partie de son capital dormant en actions afin de conserver sa participation à 25 % et une action. De cette façon, il aura toujours un regard sur la stratégie en pouvant, le moment venu, encaisser une plus-value sur les actions détenues. Cette perspective n'est pas de nature à rassurer les investisseurs, car si l'État tient à maintenir sa tutelle, c'est qu'il ne fait pas encore confiance à la direction du groupe pour la laisser voler de ses propres ailes. Romaric Godin, à Francfort
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