Mediator : les déclarations de Jacques Servier font scandale

Jacques Servier a encore perdu une occasion de se taire. Lors de ses voeux à ses salariés, le fondateur des laboratoires Servier n'a reconnu que « trois morts » liés à son antidiabétique Mediator, rapporte le quotidien « Libération » de jeudi. « 500 est un très beau chiffre marketing », a ajouté le dirigeant de 88 ans, évoquant les agissements d'une « mafia » contre son groupe. L'encadrement du laboratoire est « totalement atterré. Son discours n'a pu être relu par personne ! » confirment des proches du patriarche. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s'est dit « stupéfait par de tels propos ». Dans l'entourage du laboratoire, on précise que « M. Servier a parlé des trois décès remontés par la pharmacovigilance en 2009 ».« Extrapolation »C'est qu'au-delà des dérapages de son patron, la question des chiffres reste au coeur de la communication du groupe. Selon Servier, les 500 à 1.000 morts (augmentés à 2.000 morts mi-décembre), officialisés par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) le 15 novembre, sont une « extrapolation ». Au sens propre du terme, c'est le cas : l'Agence s'est basée sur trois études, dont une de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam) portant sur des données patients de 2006 à 2009. L'Afssaps a ensuite « estimé » le risque de décès liés au médicament sur toute sa période de commercialisation, soit de 1976 à son retrait fin 2009. Sauf que l'attribution statistique de décès à un produit est une méthode éprouvée, utilisée par les laboratoires eux-mêmes. Servier aurait par ailleurs eu connaissance en octobre 2009 du lien entre son médicament et les valvulopathies mais n'aurait pas demandé le retrait, attendant que l'Afssaps le fasse un mois plus tard, indique « Le Figaro ». « Servier a pour habitude de ne jamais demander le retrait de ses médicaments », assène un proche.La police et la gendarmerie ont été saisies conjointement d'une enquête préliminaire confiée au pôle de santé publique du parquet. Neuf plaintes ont été reçues, mais quelques centaines d'autres sont attendues. Quant à l'enquête de l'Igas attendue mi-janvier, « elle ne concerne que les pratiques des administrations de santé, Servier n'a pas été inquiété », indique-t-on dans l'entourage du laboratoire. Audrey Tonnelie
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