Grippe A  : l'heure de vérité pour le gouvernement

Ce matin, les bons de vaccination contre le virus de la grippe H1N1 vont commencer à arriver dans les boîtes aux lettres des six millions de personnes considérées par les autorités sanitaires comme les plus à risque ou les plus susceptibles de transmettre le virus. Il s'agit des parents et des entourages de nourrissons, des professionnels de santé et de la petite enfance, des enfants et des adultes affectés par une maladie grave.À partir de jeudi, tous pourront aller se faire vacciner gratuitement dans l'un des 1.080 centres qui ouvriront leurs portes ce jour-là dans toute la France. Dès la fin novembre voire au début de décembre, toutes les autres catégories recevront leur bon de vaccination. Dans l'attente des conclusions des experts qui devraient être connues avant la fin novembre, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, a annoncé, hier, que l'injection de deux doses pour une même personne demeurait la règle pour assurer une protection efficace.Lundi matin, Roselyne Bachelot lancera officiellement une campagne de communication grand public afin d'inciter une majorité de Français à se faire vacciner. Les résultats décevants des appels à la vaccination des personnels de santé des hôpitaux depuis la mi-octobre incitent en effet le gouvernement à redoubler ses efforts de persuasion.enjeux politiquesCette mobilisation gouvernementale intervient justement au moment où la circulation du virus grippal H1N1 « continue à s'intensifier dans toutes les régions », selon l'Institut national de veille sanitaire (InVS). Son dernier bulletin hebdomadaire, en date du 3 novembre, fait état de 341.000 consultations pour grippe A durant la dernière semaine observée, soit 75.000 de plus que la semaine précédente. Le passage aux urgences des hôpitaux a, lui, augmenté de 125 % en une semaine.Cette accélération confirme les tendances observées dans les autres pays européens, en particulier du Nord. En Ukraine, ou 633.000 personnes seraient touchées par la grippe A, les autorités ont annoncé le décès de 95 malades. Aux États-Unis et au Canada, les consultations sont en forte hausse, et les candidats à la vaccination nettement plus nombreux depuis que des enfants sont décédés (lire page 3).Pour le gouvernement français, et au premier rang Roselyne Bachelot, le lancement de la campagne de vaccination n'a pas seulement une importance sanitaire. Elle aura aussi des conséquences politiques : son succès permettrait au gouvernement de démontrer rétrospectivement qu'il a fait les bons choix pour prévenir la pandémie. Depuis le début de la mobilisation publique, au printemps, il a en effet été critiqué de toutes parts pour avoir noirci le tableau au risque d'inquiéter inutilement les Français en multipliant les mesures de précaution. La France, qui a acheté 94 millions de doses de vaccins dont la totalité sera disponible fin janvier (plus 34 millions de doses supplémentaires préréservées), est également concernée au premier chef par les polémiques sur l'innocuité et les effets indésirables du vaccin contre le virus H1N1.Et, tout récemment, le ministère de la Santé a dû faire face à deux autres polémiques : sur l'indépendance des experts médicaux consultés par les pouvoirs publics vis-à-vis des laboratoires pharmaceutiques et sur l'opacité des contrats d'achat des vaccins signés avec les groupes pharmaceutiques (lire ci-contre). L'adhésion d'un grand nombre de Français à l'opération de vaccination gommerait en partie ces critiques.
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