Amérique latine

De mémoire de Brésilien, cela n'était pas arrivé depuis les années 1950, quand les statistiques officielles ont commencé à être enregistrées. Alors que le plus grand pays d'Amérique latine, devenu puissance exportatrice mondiale, voyait ses produits toujours plus vendus à l'étranger chaque année, voici qu'en 2009 ses exportations ont baissé, de 23,08 %. Certes, le soja, le minerai de fer, le café, les pièces détachées et la viande ont trouvé preneur à l'étranger, mais ces ventes n'ont représenté qu'un montant de 152,2 milliards de dollars, contre 197,9 milliards en 2008. L'excédent commercial brésilien n'aura été que de 24,6 milliards de dollars en 2009, contre 24,7 milliards en 2008. La faute à la crise économique internationale, qui a pesé sur l'appétit des consommateurs à travers la planète, y compris celui des Brésiliens, qui ont moins consommé de produits étrangers. calmer les ardeurs Mais la récession mondiale n'explique pas tout dans cette contre-performance des exportations. Les exportateurs brésiliens souffrent aussi de l'envolée de la monnaie locale. Dopé notamment par les investissements étrangers en Bourse, le real s'est apprécié de 25 % par rapport au dollar sur la seule année 2009. C'est la plus forte progression enregistrée sur les grandes monnaies suivies par les opérateurs sur le marché des changes. Et c'est aussi la plus forte envolée du real depuis sa création, en 1994. Face à l'euro, la devise brésilienne s'est appréciée de 23 %. De quoi sérieusement renchérir les produits « made in Brazil » partout dans le monde. La tendance n'est d'ailleurs pas nouvelle. Et les exportateurs se plaignent de façon continue auprès du gouvernement. Les autorités ont fini par les entendre. Elles ont décidé, en octobre dernier, de taxer, à hauteur de 2 %, les entrées de capitaux étrangers sur les marchés boursiers brésiliens, dans le but de calmer les ardeurs du real face aux autres monnaies. Le real a bien perdu quelques fractions face au dollar, par exemple, mais pas assez pour relancer les ventes aux États-Unis. Le mal était déjà fait : les exportations de produits à valeur ajoutée en direction du Nord ont ainsi lourdement chuté, avec une baisse de 42,2 % en 2009. Les échanges avec les États-Unis se sont élevés l'an dernier à seulement 35,9 milliards de dollars, contre 53,4 milliards en 2008. Le gouvernement de Luiz Igacio Lula da Silva veut donc faire plus pour les exportateurs. Il vient d'annoncer sa volonté d'utiliser une partie de l'argent contenu dans son fonds souverain pour acheter des dollars sur le marché et soulager ainsi la pression à la hausse sur le real. De plus, « le Brésil pourrait tenter de freiner de nouveau les investissements étrangers en Bourse, prévient Guillaume Guidoni, économiste chez Allianz Global Investors France, en instaurant par exemple ? à l'instar de ce que pratique son voisin chilien ? un système de réserves obligatoires à déposer auprès de la banque centrale ». De plus, les exportateurs espèrent des aides gouvernementales sous diverses formes, tels une fiscalité moins forte sur leurs activités ou bien des avantages sous forme de prêts. Restera ensuite aux exportateurs à conquérir d'autres marchés, et à approfondir leurs relations commerciales existantes. Avec la Chine, pr exemple, qui constitue déjà le premier client du Brésil.?n La monnaie brésilienne s'est apprécié de 25 % par rapport au dollar sur la seule année 2009.
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