Les défenseurs Français d'une économie circulaire réussiront-ils à faire grandir le mouvement ?

La nature est bien faite, alors pourquoi ne pas s\'en inspirer pour repenser notre modèle économique global ? Le biomimétisme : voilà ce en quoi croient les tenants de l\'économie circulaire. A l\'opposé de l\'obsolescence programmée, le fonctionnement de l\'économie est repensé dans sa globalité et les déchets des uns deviennent les ressources des autres, comme dans les cycles naturels.Une logique d\'usage plutôt que de possessionIl s\'agit là de s\'extraire de la logique d\'économie linéaire actuellement en vigueur pour favoriser la réutilisation, la réparation, le recyclage de façon à prolonger au maximum la durée de vie des objets et des matériaux. On passerait alors d\'une économie de la propriété à une économie de fonctionnalité, qui induit d\'avoir un rapport d\'usage plutôt que de possession face aux produits. Les acteurs économiques conserveraient ainsi la propriété de leurs produits et des ressources dont ils sont constitués de manière à contribuer à leurs besoins futurs en approvisionnement.Cette logique a été développée, théorisée, discutée par des chercheurs scientifiques dont la biologiste américaine Janine Benyus qui a vulgarisé le concept de biomimétisme dès 1997; mais également par les suisses Suren Erkman et Walter Stahel, entre autres.Parmi ses applications concrètes, il s\'agit de revoir le système de taxation. Les ressources non renouvelables seraient imposées, par contre celle renouvelables, et notamment la force de travail humaine, non.La nécessité d\'une action globaleAujourd\'hui, certaines entreprises -traditionnellement ancrées dans l\'économie verte ou pas- s\'intéressent au concept. En France, c\'est par exemple le cas de Renault, Suez Environnement ou La Poste, qui envisage de collecter le papier à recycler lors de ses tournées, plutôt que de voir ses véhicules repartir à vide une fois le courrier distribué.Mais pour que le système soit efficace, il doit être appliqué de manière globale, ce que soulignait un autre spécialiste du développement durable, le suisse Dominique Bourg, dans une interview publiée il y a un an: \"l\'économie circulaire est incompatible avec une augmentation linéaire de la production et de la consommation. Tant que la consommation ne sera pas encadrée, l\'application des principes de l\'économie circulaire à grande échelle me semble impossible.Ce sont l\'ensemble des acteurs économiques qui doivent se sentir concernés, et au-delà, les institutions, associations, consommateurs et citoyens.\"Un Institut de l\'économie circulaire en FranceConscients d\'une nécessité de fédérer les énergies pour mener une action commune permettant l\'apparition d\'une économie de fonctionnalité, le député EELV François-Michel Lambert et ses alliés viennent de créer l\'Institut de l\'économie circulaire, officiellement lancé mercredi matin à l\'Assemblée nationale.C\'est devant une salle de conférence comble de près de 230 personnes - acteurs de l\'économie verte, représentants de structures relevant de l\'économie durable, élus, juristes... - que le député et les différents instigateurs de ce projet ont dressé la feuille de route de ce tout nouvel institut, fondé par des élus et des acteurs privés et des ONG dont La Poste, la fondation Hulot, GRDF, Ecofolio, Federec, FNH, le syndicat français de l\'Industrie cimentière, l\'école marseillaise Euromed Management et la Kedge Business School.Quels freins, quels leviers à la mise en place d\'une économie circulaire ?\"Dans un premier temps, notre objectif est d\'identifier quels sont les freins et surtout les leviers à la mise en place d\'une économie circulaire\" annonce François-Michel Lambert en début de séance. Il est aussi le vice-président de la commission Développement Durable et Aménagement du Territoire de l\'Assemblée nationale.Deux conditionsAu fil de la présentation et des interventions, deux conditions au succès de l\'apparition d\'un tel modèle ont émergé :• D\'une part réussir à faire évoluer la réglementation et la législation : \"Le cadre légal et règlementaire est extrêmement daté\", a souligné la représentante d\'Ecofolio, l\'éco-organisme en charge du recyclage du papier, Géraldine Poivert lors d\'une conférence de presse ce mercredi matin. \"A l\'époque, on associait \"déchets et salubrité publique, et non pas déchets et ressources\" a-t-elle précisé. \"Les éléments réglementaires font que l\'on a du mal à faire évoluer les choses\" a déploré de son coté la sénatrice et ancienne ministre des Sports Chantal Jouanno.• D\'autre part, il s\'agit d\'obtenir un engagement commun massif des différents acteurs. Le but de cet institut réside précisément dans la coordination des différentes initiatives, qu\'elles soient d\'origine entrepreneuriales, universitaire, institutionnelles ou associatives. Le processus amorcé s\'annonce donc de longue haleine.Sur la feuille de route de l\'institut, trois points majeurs : parvenir à présenter et soutenir une loi devant le Parlement en 2017, rédiger un livret blanc sur l\'économie circulaire d\'ici début 2015, et organiser un colloque national annuel sur cette thématique chaque fin d\'année.\"L\'avenir se joue là\", a estimé Chantal Jouanno, \"mais il va falloir du temps\". \"Il y a beaucoup de petits ruisseaux mais pas encore la modélisation qui permette à ce sujet d\'acquérir ses lettres de noblesse\", considère celle qui fut présidente de l\'Agence de l\'environnement et de la maîtrise de l\'énergie (ADEME) en 2008 et 2009.Soutien européenL\'initiative de la création d\'un institut en France est bien accueillie par la Commission européenne. Mathieu Fichter, chef de l\'équipe \"Croissance durable\" de l\'institution avait même fait le déplacement depuis Bruxelles ce 6 février. \"Il s\'agirait notamment de passer d\'une taxation basée sur le travail à une taxation basée sur les ressources\" a-t-il expliqué, après avoir rappelé la feuille de route pour une utilisation efficace des ressources signée par la Commission le 20 septembre 2011. L\'alimentation, l\'habitat et la mobilité sont les trois secteurs clés sur lesquels il faut se concentrer dans l\'application d\'une économie verte et circulaire, selon l\'Union européenne.Voilà donc les bases d\'une nouvelle institution posée. Reste à savoir si elle réussira à relever les défis qu\'elle vient de se fixer. Au delà, elle devra parvenir à faire émerger des réponses précises aux questions pratiques des entreprises qui souhaitent appliquer la logique de l\'économie circulaire. En effet, une volonté citoyenne et politique ne pourra a priori pas grand chose sans une volonté réelle de suivre le mouvement de la part des acteurs économiques.La logique de cette économie de fonctionnalité tend par ailleurs à dépasser le cadre de l\'économie puisque Chantal Jouanno voit en l\'économie circulaire \"une opportunité pour repenser notre logique politique\". POUR ALLER PLUS LOIN :» Conseillée par Rifkin, la région Nord-Pas de Calais se rêve en pionnière d\'une nouvelle économie» La vidéo de présentation de l\'économie circulaire par la fondation Ellen McArthur, du nom de l\'ancienne navigatrice aujourd\'hui engagée dans la promotion du développement durable : 
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