Curieuse envolée du molybdène avant sa première cotation au LME

Le monde va-t-il manquer de molybdène ? Dans le milieu quelque peu confidentiel des métaux rares ou secondaires, l'inquiétude commence à pointer. Le « moly », un sous-produit du cuivre où on le retrouve à faible concentration (de 0,1 % à 0,5 % du minerai du cuivre), présente en effet des propriétés incontournables pour certaines applications industrielles, surtout dans l'énergie. Seulement 10 % de l'acier contient du molybdène aujourd'hui, mais cette proportion pourrait grimper. L'acier très résistant utilisé pour couler les tuyaux des pipe-lines et des forages de gaz, ou équiper des centrales nucléaires est en effet durci au molybdène. Et les fours des centrales thermiques à gaz ou à charbon, appelés à de meilleurs rendements énergétiques, devraient désormais tous en contenir, puisque le métal permet une meilleure résistance à la chaleur de l'acier.coupes sévèresLes cours de ce métal gris-blanc suivent donc une pente ascendante, qui s'est curieusement accélérée en ce début d'année. Après un creux à 7 dollars fin 2008, le moly s'achetait 10 dollars la livre en novembre. Il a bondi de plus de 50 % depuis, et s'échangeait à plus de 15 dollars ces derniers jours. Selon le japonais Sojitz, trader de nickel et de molybdène, les cours pourraient grimper jusqu'à 20 dollars la livre si les investissements ne progressent pas plus rapidement, après des coupes sévères dans les niveaux de production. Les projets de nouvelles mines ne devraient pas être mis en service avant 2012 ou 2013. Les analystes de JP Morgan sont encore plus angoissés : selon eux, le molybdène devrait dépasser les 21 dollars d'ici la fin de l'année, et atteindre 24 dollars dès la fin 2011, une fois la reprise de l'activité industrielle bien installée.Mais la récente hausse des cours du molybdène s'explique aussi par un autre facteur : le lancement très attendu du premier contrat sur le molybdène, le 22 février prochain, au London Metal Exchange (LME), qui organise mardi un petit raout pour ce nouveau produit. « Les industriels raflent les stocks existants, qui étaient déjà plutôt maigres, avant que le contrat ne soit lancé, de peur que les prix ne montent brusquement », avance un spécialiste. Le London Metal Exchange promet ce contrat de longue date, et a repoussé ses débuts plusieurs fois alors que les industriels ont plutôt tendance à traîner les pieds, et que des questions de plate-forme se sont posées. Comme pour l'acier, producteurs et consommateurs voient d'un mauvais oeil le lancement d'un marché qui nécessite plus de transparence de l'information.
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