L'Ile-de-France sera entièrement raccordée en fibre optique en 2020

Faire de l\'Ile-de-France « la première région entièrement fibrée d\'Europe en 2020 » : c\'est l\'objectif de la « déclaration commune » signée entre l\'Etat, la région et les opérateurs France Télécom et SFR ce lundi au Conseil régional, sans laisser de côté les communes éloignées ou les poches pavillonnaires de cette région à l\'habitat très hétérogène qui connaît aussi la fracture numérique. Dans le prolongement de l\'accord de novembre 2011, sorte de « Yalta de la fibre » par lequel SFR et Orange se partageaient les zones en dehors des grandes villes pour ne « pas se marcher sur les pieds », les deux opérateurs s\'engagent à déployer la fibre au total dans 320 communes d\'Ile-de-France en dehors des territoires très peuplés. Dans les zones très denses, à savoir Paris, la Petite Couronne, et, au-delà, au total près de 100 communes de proche banlieue (Evry, Bobigny, Créteil, etc), chaque opérateur déploiera son propre réseau, sans contrainte, selon ses objectifs commerciaux. Dans les zones où les opérateurs n\'ont pas prévu d\'aller, jugeant l\'investissement peu rentable, des réseaux d\'initiative publique départementaux se substitueront au privé sur 862 communes, avec le soutien financier de l\'Etat (50 millions d\'euros déjà mobilisés pour les Yvelines et la Seine-et-Marne) et du Conseil régional, via son Plan Fibre de 150 millions d\'euros.Le privé couvrira près de 90% des foyers Au total, l\'investissement privé doit permettre de desservir 4,7 millions de foyers franciliens, soit 89% du total, dont 1,8 million hors des zones très peuplées (pour moitié entre Orange et SFR voir la carte). Les deux opérateurs ne divulguent pas le montant des investissements à consentir, qui se chiffre en « plusieurs dizaines de millions d\'euros » selon un professionnel. Présent ce lundi pour la signature afin de montrer son soutien à cette « grande cause nationale » du très haut débit pour tous, le PDG de France Télécom, Stéphane Richard, a rappelé que l\'opérateur avait prévu d\'investir dans la fibre optique 2 milliards d\'euros d\'ici à 2015 et que « malgré la concurrence impitoyable qui règne dans le secteur, nous n\'avons pas l\'intention d\'affaiblir cet effort d\'investissement. » Orange a investi 150 millions d\'euros en 2011, 300 millions en 2012 et prévoit au moins 300 millions cette année. « Il faut être lucide, l\'Europe est en retard, il y a déjà 40 millions d\'abonnés à la fibre au Japon et 60% de pénétration en Corée du Sud. Il faut mettre les bouchées doubles » a lancé le patron d\'Orange. SFR indique que le déploiement en Ile-de-France « fait partie de l\'enveloppe de 150 millions d\'euros par an » qu\'il s\'est fixé. « On ne peut que se féliciter de cette alliance tripartite qui va nous permettre d\'investir intelligemment » a déclaré Stéphane Roussel, le PDG de SFR, également présent. Jean-Paul Huchon, le président de la Région, s\'était fait excuser.Un coup de com\' sans argent supplémentaire ? « C\'est une opération de communication des deux opérateurs, reste à savoir s\'ils déploieront vraiment » raille un concurrent. « Il n\'y a pas d\'argent nouveau sur la table. Au moins on a des engagements sur les poches de basses densité qui représentent 1 million de logements tout de même en Ile-de-France » observe un représentant des collectivités. « Un maintien des enveloppes d\'investissement c\'est déjà bien, vu le contexte économique et concurrentiel, les collectivités sont persuadées qu\'on va couper dedans » fait valoir un cadre d\'un des opérateurs signataires. Le déploiement ira plus vite dans certains départements que d\'autres : ainsi la Seine-et-Marne, très étendue (49% de la superficie de la région), vise le très haut débit pour tous en 2025 seulement, quand le Val-de-Marne s\'est fixé la date de 2016. La région est stratégique pour les deux opérateurs, qui ont déjà concentré une large part de leurs investissements : Orange compte 200.000 abonnés à la fibre dont la moitié en Ile-de-France et 1 million de foyers raccordables sur un total de 1,8 million au niveau national. Bouygues Telecom, qui a signé un accord de co-investissement avec SFR, et Free, qui a fait de même avec Orange, restent en retrait.Numericable, le leader du très haut débit, oublié ? En revanche, Numericable fait valoir qu\'il est d\'ores et déjà leader du très haut débit en Ile-de-France, avec 3,5 millions de foyers raccordables, dont 2 millions à plus de 100 mégabits/seconde, et plus de 500.000 abonnés. « Pourquoi les déploiements se font-ils en priorité sur les zones câblées ? » a demandé un participant. « Nous déployons en fonction du potentiel commercial » a répondu un représentant d\'Orange. Le câblo-opérateur, qui déploie dans les Hauts-de-Seine (dans le cadre d\'une délégation de service public, avec SFR Collectivités et Eiffage au sein de Sequalum) et a signé, en association avec le Sipperec, un contrat de co-investissement avec le Conseil général du Val-de-Marne, s\'est lancé désormais dans une « stratégie de déploiement de la fibre en dehors du périmètre du réseau de Numericable » a expliqué récemment son PDG, Eric Denoyer. La course de vitesse est donc bien commerciale, au-delà de l\'éventuel retard de la France en matière de très haut débit.  
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