Cy Twombly, le geste du désir

Une griffe, un mot, des mots, la trace frénétique d'une volupté parfois violente, parfois douce, la forme et la couleur qui explosent, laissant sur la surface maculée comme l'expression d'une jouissance. Tout l'art de Cy Twombly est contenu dans ces gestes, dans cet acte de peindre : l'impulsion, l'éphémère, l'empreinte.D'origine américaine, né en Virginie, Cy Twombly n'est d'aucune école. Pas même de cette abstraction lyrique dont il a approché les oeuvres. Celles de Jackson Pollock, Rothko ou encore Motherwell. Non, c'est à travers ses voyages aussi bien en Europe qu'en Afrique que l'artiste a nourri son oeuvre, élaboré son style emprunt de primitivisme comme de mythologie. D'où sa passion des signes et de l'écriture. Aujourd'hui âgé de 82 ans, Twombly se partage entre l'Italie où il s'est installé dans les années 1950 et l'Amérique. L'Italie, véritable source d'inspiration.L'artiste est précoce. Dès l'âge de 14 ans il manifeste des dons pour le dessin dans un milieu où l'art n'est pas la préoccupation première. Son père est champion de base-ball. Il se perfectionne auprès d'un peintre espagnol qui a vécu en France et émigré aux États-Unis. C'est dans diverses institutions artistiques à Boston ou à New York à l'Art Students League qu'il prend des cours. Il y rencontre Rauschenberg avec lequel il se lie. Sur les conseils de celui-ci, il se rend à ce qui est aujourd'hui un lieu mythique de la modernité aux USA, le Black Mountain College, là où exercent le musicien John Cage et le chorégraphe Merce Cunningham, mais aussi les peintres Franz Kline et Motherwell. Les premières oeuvres de Cy Twombly sont ancrées dans les formes totémiques et phalliques. Il s'en dégage pour trouver son propre langage qui ne cesse d'évoluer au cours du temps. D'abord par un jaillissement du trait et de la couleur dans des mouvements extrêmement volubiles, puis par l'introduction des mots, de phrases, de citations et de formes souvent empruntées à la nature. Juste une silhouette tracée à grands traits. Dans les années 1980 va surgir la couleur, véritable explosion sur la toile. Couleurs d'une intensité érotique, formant comme une sorte de bouquet, de gerbes efflorescentes. Cy Twombly, à travers ce lyrisme musical, s'approche des « Nymphéas » de Monet.Justement célèbre et reconnu, cet artiste américain jouit d'une cote considérable auprès des acheteurs. Ses tableaux se vendent aux enchères entre 3 et 5 millions de dollars, une oeuvre au crayon 200.000 dollars. Lui continue toujours à tracer, sur le papier ou sur la toile, ses désirs. Moments de grâce fugaces qui emprisonnent pour l'éternité la beauté. Jean-Louis Pinte
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