Après vingt-cinq ans à l'étranger, dans quel état avez-vous trouvé Nestlé France à votre arrivée il y a six mois ? La France est un marché très mûr. La deuxième filiale de Nestlé a pourtant progressé légèrement plus que les 0,3 % enregistrés par Nestlé Europe en 2009. Je souhaite accélérer cette croissance et la rendre plus consistante sur l'ensemble des catégories. Aujourd'hui, Herta, Nescafé Dolce Gusto ou Nesquik sont des moteurs, avec des croissances qui frôlent ou dépassent les deux chiffres, tandis que Maggi ou les petits pots Naturness souffrent plus. Les matières premières qui repartent à la hausse risquent aussi de faire pression sur les marges cette année.On parle souvent du Paquebot Nestlé, difficile à manoeuvrer...Je veux transformer les équipes françaises en sportifs de haut niveau. Je leur rappelle que si Usain Bolt courrait juste quelques secondes de moins, il ne gagnerait pas des millions d'euros. J'organise des petits déjeuners toutes les trois semaines avec 25 personnes du groupe, tous mélangés, de la secrétaire au directeur, pour faire passer le message. Et je n'hésite pas à entrer dans les réunions à l'improviste afin d'être le plus présent possible. Il y a quand même 17 personnes au comité exécutif !Rien d'anormal vu la taille de l'entreprise, de ses 29 usines et de ses 18.000 salariés. Mais il va y avoir du changement. Mon souci est de mettre les bonnes personnes à la bonne place. En Inde, 12 des 16 membres de mon comité ont bougé, certaines par elles-mêmes, et cela a créé des résultats. Quelle sera votre stratégie ?Nous allons continuer à faire très attention aux prix. Grâce à nos marques dédiées à l'accessibilité, comme Kub'Or, Nes dans le café ou Meunier pour le chocolat à pâtisser. Mais aussi en offrant des formats, soit plus gros, comme la purée mousseline en 2 kilos, soit plus petits, afin d'offrir un prix facial très attractif. Nous lançons par exemple les Knacki Herta par deux ou encore deux bouillons Kub'Or pour 15 centimes. Mais je veux surtout rénover les produits existants pour les adapter sans cesse au goût du jour. Le passage de Nesquik à Nesquik Plus, enrichi en nutriments, ou la diminution de 25 % du sel dans la charcuterie Herta a fait repartir ces marques qui croissent de 7 % à 8 % par an. Au total, je souhaite que 50 % de mon chiffre d'affaires, et non 35 % comme aujourd'hui, soit issu de produits rénovés depuis moins de trois ans.Et les innovations valorisées ?C'est un autre axe majeur. Nous allons nous intéresser à des catégories de population carencées en nutriments. Les personnes âgées par exemple. En septembre, nous lancerons Nesfluid, la première boisson « hydranutritive » à base de lait de coco et de lactosérum. C'est un événement majeur car ce sera notre premier lancement dans les boissons hors de l'eau minérale. Notre machine à thé Spécial T sera aussi lancée en France, marché test pour le groupe. Les ventes pourront-elles repartir en 2010 et quid des prix ?Bien sûr, mais cela dépendra de la confiance. La multiplication des affaires et des réformes peuvent pousser à l'épargne. Mais nous ferons la différence avec nos produits rénovés. Quant aux prix, c'était très difficile de passer des hausses en 2009 et cela continue en 2010. D'où l'avantage de produits, comme Nesfluid, qui ne peuvent être comparés à un prix antérieur. Vous voulez ancrer Nestlé dans l'imaginaire des Français. Comment ?En faisant plus apparaître la marque. Nous sommes en train de voir lesquelles de nos marques pourraient être « ombrellisées » par Nestlé sur les packaging. Mais nous pourrions aussi la mentionner simplement dans les publicités en disant par exemple « Nescafé Green blend élaboré grâce à la science de Nestlé ». Nous sommes présents sur le Tour de France avec Vittel, Nesquik et Ricoré, cela vaudrait peut-être le coup de faire le lien entre ces trois marques et Nestlé !

latribune.fr

08 Juill 2010, 23:23

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