Le rapport Tessier remet en question la radio numérique

Il est urgent d'attendre. Telle est une des conclusions du rapport sur la radio numérique que Marc Tessier a remis la semaine dernière au gouvernement et dont le contenu serait rendu public cette semaine. Selon nos informations, dans ce texte qui doit être transmis aujourd'hui au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), l'ancien PDG de France Télévisions estime peu crédible un lancement de la radio numérique à la mi-2010, qui est la date que veut imposer le CSA. En effet, selon le rapport, ce service doit d'abord trouver un modèle économique, qui n'existe visiblement pas aujourd'hui. Autant le dirigeant de Glowria voit facilement son coût (près de 1 milliard d'euros pour construire un réseau entièrement neuf), autant il ne voit pas quelles recettes nouvelles il apportera. À cela s'ajoute la crise publicitaire, qui réduit les ressources des radios. Sans compter les récents changements à la tête de RTL et de Radio France, dont les anciens dirigeants (Axel Duroux et Jean-Paul Cluzel) étaient particulièrement moteurs sur ce projet ? sans doute plus que leurs successeurs.Le rapport estime que ce sont les radios elles-mêmes qui doivent trouver ce modèle économique et écarte l'idée d'une subvention massive par l'État (par exemple dans le cadre du grand emprunt), qui risquerait d'être un puits sans fond. Cette idée d'inclure la radio numérique dans le grand emprunt avait été lancée par le président du CSA, Michel Boyon, et le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Mais ce dernier est récemment revenu dessus : finalement, ni la radio numérique ni la TV mobile ne figurent dans ses demandes finales sur le grand emprunt.En outre, le rapport propose d'attribuer les fréquences au niveau national, ce qui permettra de donner de la visibilité aux candidats. Une critique de la méthode choisie par le CSA, qui a préféré une attribution région par région. Quant à l'idée du CSA de décider dès aujourd'hui une date d'arrêt de la diffusion analogique afin de fixer un horizon et de lancer le mouvement, Marc Tessier souligne qu'elle soulève plusieurs difficultés.orientation contrediteEnfin, le rapport aborde aussi la question du seuil anticoncentration, qui était sa mission initiale. Il recommande d'aligner le seuil appliqué à l'analogique (une couverture de 150 millions d'habitants au maximum pour un groupe) sur le seuil prévu pour le numérique (20 % de l'audience au maximum pour un groupe). En pratique, cela permettrait à un groupe de passer de 5 réseaux nationaux à une vingtaine.In fine, le rapport contredit donc largement l'orientation actuelle fixée par le CSA. Mais il pourrait permettre une sortie par le haut de l'impasse actuelle. En effet, « tout le monde pense que le dossier est mal parti, mais ni le gouvernement, ni le CSA, ni les radios n'osent prendre la responsabilité de le remettre en question », souligne un expert.
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