Bonus  : « Le dispositif ne permettra pas de limiter les risques »

Philippe Poincloux, directeur général de towers perrin Que vous inspire le dispositif français sur les rémunérations ?Il adopte une optique assez différente de ce que nous avons entendu ces dernières semaines. Le point central est que la rémunération sera étroitement liée aux risques encourus et c'est une bonne chose. Mais le texte ne prévoit pas du tout de plafonner les bonus comme cela avait été évoqué un temps. Par ailleurs, l'arrêté ne précise pas quelles sont les activités à risques. En conséquence, les banques devront elles-mêmes définir les activités qui ont « une incidence significative aux risques ».Insinuez-vous que des activités passeront entre les mailles du filet ?Non car les banques joueront le jeu de déclarer quels métiers génèrent des risques. Les activités comme la gestion d'actifs, la banque d'affaires ou même le « trading algorithmique » qui génèrent des risques limités voire nuls, ne devraient en théorie pas être concernées. Mais les bonus de ces banquiers et traders, devraient aussi se voir appliquer ces règles.Le dispositif prévoit tout de même un malus ?Oui, ce malus concerne la partie de la rémunération qui sera différée sur plusieurs années, trois a priori, et payée en actions et/ou en cash adossé à des titres. Ce dispositif comporte un biais. Au bout de trois ans, si la valeur des actions augmente, le bonus s'appréciera alors que le différé était censé instaurer la possibilité d'un malus. De plus, une banque très diversifiée pourrait très bien conserver un cours de Bourse stable tout en subissant des pertes dans ses activités à risques. Les activités récurrentes serviraient alors à amortir la volatilité de ces métiers.La condition de performance de l'activité n'est-elle pas un gage d'application du malus ?Oui, mais il faudra clairement définir le périmètre des activités risquées et aussi la mesure de leur performance pluriannuelle. Les banques auront peut-être tendance à considérer un second niveau de performance sur un périmètre large pour instaurer une solidarité entre tous ces métiers. Cela permettrait d'éviter des écarts substantiels entre les bonus. Plus facile à dire qu'à faire et à gérer.Que manque-t-il à ce texte ?Cet arrêté est équilibré car il lie rémunération et risque ce qui est appréciable. Ce qui est regrettable c'est que le G20 n'ait pas créé un lien plus fort entre les risques pris et les exigences en fonds propres car c'était le seul moyen efficace de limiter les risques. Mais cela aurait réduit le développement de la plupart des banques. n
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