Olivier Babinet : la gestion d'entreprise à l'hôpital

La densité hospitalière est phénoménale en France. Il ne faut pas fermer les petits hôpitaux mais trouver leur positionnement sur la médecine de proximité, comme la gériatrie dans notre pays vieillissant. Et consacrer les CHU à la médecine de pointe », explique Olivier Babinet. Ce docteur en pharmacie de 52 ans, MBA HEC, master en économie et gestion de la santé, qui a effectué tout son parcours en entreprise et dans le conseil en organisation et stratégie à l'international, s'est attelé depuis l'année dernière au redressement des comptes de l'hôpital de Saint-Etienne, qui accusait un déficit de 30 millions d'euros. Le budget doit être à l'équilibre à l'échéance 2012. « Je suis un enfant de la brousse. J'ai passé mon enfance en Afrique. Cela a conditionné toute ma vie. J'allais pêcher, chasser, lire le courrier dans les villages. J'allais faire des virées. Je posais des pièges à papillons. Je suis un passionné d'entomologie et des sciences du vivant », dit ce fils d'ingénieur des travaux publics. Pour payer ses études de pharmacie, il monte des circuits en Afrique avec Jacques Maillot, alors patron de Nouvelles Frontières, ainsi qu'en Amérique latine et en Asie. Il choisit la voie industrielle. En 1985, il entre chez Roussel-Uclaf (aujourd'hui Sanofi Aventis) à Mexico. Il est chargé de créer un fichier des hôpitaux du Mexique pour lancer un antibiotique. De retour du Mexique, il passe un an à HEC pour obtenir son MBA, puis il entre chez Sodeteg (Thales Engineering) comme directeur du département santé. Il travaille sur des projets de planification sanitaire au Bénin, en Guinée, au Honduras, au Niger, au Mali, au Burkina Faso - aux pays des vaudous et des marabouts - au Maroc, financés par les bailleurs de fonds internationaux. Après la disparition d'un de ses contacts au Bénin et l'assassinat d'un de ses homologues en Haïti, où il travaillait sur le sida et la tuberculose avec l'OMS, il décide de « regarder vers l'Hémisphère Nord ». En 1989, il devient directeur des congrès médicaux au Palais des congrès à Paris. Il organise des grands événements avec des sommités du monde médical comme les professeur Cabrol, Kreiss et Dubernard. En 1993, il rejoint le cabinet de conseil en stratégie et organisation Solving International pour créer un secteur santé & pharmacie, puis en 2000, ISO Healthcare Consulting, qui sera racheté ensuite par l'américain Monitor. En 2006, GE Healthcare l'appelle pour redresser sa filiale France, Belgique et Luxembourg. Il travaille sur l'amélioration de la performance dans les services cliniques, les blocs opératoires, l'imagerie médicale, les urgences, le centre 15, la chirurgie ambulatoire, ou encore sur la comptabilité analytique dans les hôpitaux jusque-là gérés par un budget global.Révolution managériale« Rééquilibrer l'hôpital n'a de sens qu'en menant simultanément des projets médicaux de développement rentables qui répondent aux besoins de la population, et de purs projets de performance », explique Olivier Babinet. Il fait le pari de la délégation de gestion, qui consiste à accorder un budget aux chefs de pôle et à contrôler les écarts aux objectifs, comme pour une business unit en entreprise. Une véritable révolution managériale. « Cela implique une conduite du changement, une éducation à l'économie et à la gestion de longue haleine. Le problème est qu'on n'a pas le temps. Si on ne fait rien, le patient va vraiment payer les pots cassés. On n'a pas le choix » souligne Olivier Babinet. nOlivier Babinet est directeur du plan de retour à l'équilibre du CHU de Saint-étienne.
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