« Le marché a besoin de décisions rapides et convaincantes »

Christophe Donay, responsable de l'allocation d'actifs et de la recherche économique chez PictetJusqu'où les marchés d'actions peuvent-ils chuter ? Nous vivons actuellement les conséquences de la diffusion de la prime du risque souverain à toutes les classes d'actifs, qu'il s'agisse de l'euro, du marché obligataire ou des actions, avec une certaine discrimi- nation d'une zone et d'un pays à l'autre. Si la Banque centrale européenne (BCE) et les gouvernements européens ne parviennent pas à s'harmoniser pour rassurer le marché quant à l'avenir en matière de financement des déficits budgétaires et de croissance en zone euro, nous pourrions assister à une poursuite de la baisse des actions européennes et de l'euro. Quel sera donc l'élément déclencheur du rebond ? Les marchés financiers souhaiteraient qu'en l'absence de croissance économique dans la zone euro, la BCE recourt à l'assouplissement quantitatif à l'image de ce qu'a pratiqué la Réserve fédérale en 2009. C'est-à-dire qu'elle devienne plus souple et achète des obligations souveraines que le marché n'accepterait pas à des niveaux de taux d'intérêt économiquement viables. De ce point de vue, jeudi dernier, la BCE a déçu les marchés. Alors que la crise européenne fait rage, notre Banque centrale reste étrangement inquiète du risque inflationniste. Une position coordonnée des gouvernements et de la BCE serait la bienvenue. Au vu de l'expérience récente, les probabilités d'une telle action semblent encore faibles ?La difficulté de la résolution de la crise grecque témoigne de la cacophonie existant en Europe. En l'absence de gouvernement européen supranational, le consensus est difficile à trouver. Or nous avons besoin de décisions rapides, efficaces à la hauteur du problème et donc convaincantes aux yeux du marché. Une prise de position coordonnée serait donc l'élément déclencheur permettant au marché de se décoller de cette problématique structurelle pour revenir aux facteurs conjoncturels. Ceux-ci sont positifs, en particulier la croissance des résultats des entreprises. Pourquoi Wall Street et les places asiatiques sont-elles aussi affectées ? Wall Street a effectivement subit le contrecoup. Mais dans de moindres proportions que les indices européens. C'est le signe d'une fuite devant les actifs risqués et donc les actions en particulier. Alors qu'au cours des dernières années la performance des actions américaines et européennes était similaire, la crise européenne montre un retour de la discrimination entre les places financières. Depuis le début de l'année, en monnaie locale, l'indice S&P 500 est stable (1 %) tandis que l'indice large EuroStoxx cède près de 13 %. A l'intérieur de la zone euro, les pays réputés les plus financièrement fragiles sont davantage sanctionnés. En Espagne, l'indice Ibex perd 24 % tandis que le DAX ne cède que 4 %.Propos recueillis par Christèle Frad
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