Guerre de tranchées entre Hermès et LVMH

Le dossier Hermès/LVMH s'installe aujourd'hui sur un nouveau terrain : celui d'une guerre de tranchées entre les défenseurs et les détracteurs des deux groupes de luxe. Colette Neuville, à la tête de l'Adam s'en prend aux projets d'Hermès constitutifs d'une action de concert et susceptibles de déclencher une OPA? Qu'à cela ne tienne, Déminor, l'autre organe de défense des minoritaires en vue en France, montre du doigt maintenant les déclarations de franchissement de seuil de LVMH dans Hermès dans les années 1980, lui reprochant une coupable opacité. L'un et l'autre protagoniste ont maintenant leur défenseur des actionnaires minoritaires. L'occasion sans doute de faire toute la lumière sur les nombreuses zones d'ombres de ce dossier où l'AMF a décidément beaucoup d'aspects à élucider et à faire évoluer. Sur le papier, Colette Neuville estime d'ailleurs que toutes les questions posées par Déminor sont pertinentes et susceptibles d'élargir le champ de l'enquête menée actuellement par le gendarme de la Bourse. Mais manifestement, les principaux conseils de l'une et l'autre partie ont sans doute compris que l'affaire risquait de durer et qu'il ne fallait pas laisser libre le terrain de l'image. La création du holding tel que défini lors de la dernière réunion des familles Hermès prendra effectivement du temps. Tous les membres ne sont sûrement pas sur la même longueur d'onde et ceux qui ne sont pas signataires de ce protocole sont sans doute demandeurs d'offres alternatives. Raison pour laquelle, d'ailleurs, les avocats d'Hermès ont demandé un rescrit, à savoir une autorisation provisoire de la part de l'AMF pour créer un tel holding sans être dans l'obligation de lancer une OPA sur le groupe de luxe. Ce que conteste donc Colette Neuville, celle-ci faisant remarquer au passage qu'une telle autorisation reviendrait à passer outre les prérogatives du collège de l'AMF.Dénouer les filsL'autorité de marché française se trouve ici dans une situation bien complexe. Si elle ne fait que confirmer un concert qui existait déjà, concert qui pourtant n'avait jamais été reconnu comme tel jusqu'ici par les dirigeants d'Hermès, on serait dans un cas de non déclaration de concert avec suppression obligatoire des droits de vote attachés aux titres concernés. Si elle estime que la création du holding constitue une nouvelle situation de contrôle, Hermès serait alors dans l'obligation de lancer une OPA. On comprend mieux, dès lors, pourquoi tous les plus grands avocats de la place ont été appelés à la rescousse pour dénouer les fils bien entremêlés de ce dossier. Et pourquoi nombre d'actionnaires minoritaires (qui représentent environ 10% du capital d'Hermès) se mobilisent tout autant. Et ce, alors que la capitalisation boursière du groupe du Faubourg Saint Honoré gravite à des niveaux historiquement élevés, à près de 16 milliards d'euros lorsque celle de LVMH s'élève à 59 milliards.
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