Les universités se heurtent à la limite d'âge des chercheurs

Ce mois-ci, le prix Nobel Luc Montagnier part en Chine, trop âgé pour continuer à exercer en France (lire encadré). Un non-sens, alors que la ministre de l'Enseignement supérieur ne cesse de promouvoir la liberté de recrutements que permet désormais la loi sur l'autonomie des universités. De fait, plusieurs universités se sont récemment « payé » des pointures internationales telles James Hammitt (Harvard) pour la Toulouse School of Economics (Toulouse 1-Capitol) ou le prix Nobel de physique George Smoot pour Paris 7-Diderot. Des prises de guerre dont s'est félicitée Valérie Pécresse.Pour autant, l'autonomie n'affranchit pas les universités de la contrainte de l'âge. La limite d'âge en France pour les chercheurs est de 65 ans (68 ans pour les professeurs d'université) et de 70 ans pour le Collège de France. Au-delà, impossible de les faire venir pour plusieurs mois ou années, sauf à les « inviter » sans les rémunérer. Ce qui est rarement accepté. Le rapport réalisé par la chercheuse Ioanna Kohler pour l'institut Montaigne (« La Tribune » du 10 novembre 2010) pointe cette limite d'âge comme étant l'un des facteurs de départ des cerveaux français mais aussi d'obstacles au retour de ceux partis au cours de leur carrière et au recrutement de sommités étrangères. Lors d'une question orale posée en juin, le sénateur socialiste de la Drôme Bernard Piras demandait à Valérie Pécresse de « supprimer cette disposition réglementaire très préjudiciable pour la renommée de nos universités ». « Le marché des têtes grises aux États-Unis et en Chine multiplie les offres à destination des chercheurs « retraités » français. Or en amont, les jeunes doctorants partent aussi. Résultat : on perd l'investissement réalisé ! », s'indigne un bon connaisseur du secteur. Tout juste est-il possible de continuer à diriger des thèses en cours.Même venues de l'Élysée, certaines pistes (création d'un statut particulier) se heurtent aux règles en vigueur dans la Fonction publique puisqu'il est impossible de déconnecter la condition d'âge pour ces professeurs de celle qui est fixée pour les personnels titulaires. Le ministère met donc tous ses espoirs dans la réforme des retraites, qui va automaquement « élargir le vivier » en portant cette limite d'âge pour les chercheurs de 65 ans à 67 ans. Clarisse Jay
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