L'éclat pâli de l'or noir

Voici la barre des 100 dollars à nouveau franchie, à la baisse cette fois-ci. En deux mois, le baril du pétrole a perdu un tiers de sa valeur, puisqu'il affleurait sous les 150 dollars début juillet. Une amplitude d'autant plus extraordinaire qu'elle n'a été provoquée ni par un conflit ni par une décision politique des producteurs : le baril s'est donné des émotions - et nous en a causé au moins autant - tout seul, chahuté sur les flots d'une économie mondiale démontée par la crise financière.Cette vague et son reflux amplifient bien sûr les oscillations de l'économie réelle du pétrole. Une partie des liquidités mondiales s'était portée sur le pétrole, les marchés boursiers et immobiliers n'offrant plus les rendements des années précédentes. Mais depuis quelques semaines, les signes de ralentissement économique se sont multipliés, il était donc temps pour les investisseurs de reprendre contact avec la réalité - et de prendre leurs bénéfices. Voire d'aller chercher ailleurs de nouvelles bonnes affaires.Le reflux du pétrole, comme celui des matières premières et celui des Bourses émergentes, est le signe que le terrain de jeu de la spéculation mondiale se rétrécit. Les " bulles " éclatent l'une après l'autre, dans un processus continu qui a commencé en mars 2007, avec les premières alertes sur le crédit subprime américain, et qui n'est pas terminé. Il s'agit, à terme, de purger la masse de dettes accumulées depuis une dizaine d'années, sans précédent dans l'histoire.Gardons-nous de faire des prévisions de prix. Il n'y a pas si longtemps, de nombreux experts pronostiquaient un baril à 200 dollars. Et en mars 1999, " The Economist " , dont l'expertise est rarement prise en défaut, le voyait se diriger vers les 5 dollars ! Il suffira pour l'heure d'observer que la chute des cours des matières premières, et en premier lieu celui de l'or noir, va opérer un transfert de richesse des pays producteurs vers les acheteurs, les pays développés notamment. Transfert atténué par la remontée du dollar, devise dans laquelle sont libellés les achats. Ce dévissage pourrait aussi bouleverser le rapport de forces entre l'Europe et la Russie, à notre profit. L'arrogance russe est en effet directement indexée sur les cours du brent et sur la croissance qu'il lui a procurée. Encore une fois, l'or noir est aux confins de l'économie et de la géopolitique.
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