Chéreau joue la carte du sur-mesure et du haut de gamme

En 2009, Chéreau a facturé 2.225 véhicules contre 3.755 en 2008. (100 millions d'euros de chiffre d'affaires, 600 salariés, 55 % du marché français) le constructeur de véhicules frigorifiques installé à Avranches (Manche) vient par ailleurs d'être confronté à la mise en faillite de sa société mère, le groupe allemand Trailer, dans le sillage de la liquidation de sa filiale, Kogel. L'équipe de direction de Chéreau, conduite par le président Alain Guermeur, s'est alors mise sur les rangs pour reprendre l'entreprise, avec le soutien de ses banques historiques. Elle détient désormais la majorité du capital aux côtés de deux fonds d'investissement régionaux. Le plan social qui vient d'être décidé ? réduction de l'effectif permanent de 90 salariés ? a reçu la signature des syndicats CFDT et CGT de l'entreprise. En outre, la stratégie industrielle pour 2010 a plus que jamais été axée sur le sur-mesure et l'écoute des besoins du client en termes de logistique et de chargement, explique Alain Guermeur.quatre familles de clientsSpécialiste de la température dirigée (de ? 20 à + 10 degrés), Chéreau conçoit et fabrique des semi-remorques complètes ainsi que des cellules isothermes pour camions. Elle s'adresse à quatre grandes familles de clients : les sociétés de transport dans le froid, la grande distribution, les industriels (abattoirs, primeurs, agroalimentaire) et les sociétés de location. La société fabrique des véhicules destinés à des utilisations dites « sévères » ? telles que le surgelé ? mais aussi des véhicules compartimentés. Avec une stratégie de différenciation en matière d'isolation et de robustesse. Chéreau utilise pour l'isothermie la technologie des panneaux composites « sandwich » en polyester et prétend fabriquer des véhicules « indestructibles », capables d'endurer les chocs répétés sur les quais de messagerie.L'entreprise ne débute d'ailleurs pas dans ce domaine ! Fondée en 1950 par Jean Chéreau dans cette région d'élevages et d'abattoirs, elle s'est longtemps concentrée sur le transport de viande suspendue. « C'est le transport le plus compliqué qui soit », souligne Alain Guermeur. Concevoir et fabriquer des camions frigo transportant 30 tonnes de viande qui oscillent et sont accrochées au plafond sur des rails, n'est pas une affaire d'amateurs, confirme un cadre.levier de croissanceC'est d'ailleurs ce niveau d'expertise qui rend les nouveaux propriétaires optimistes. « Nous sommes sur un segment de marché qui croît sur le long terme et nous évoluons dans un métier caractérisé par des contrôles et des tests très sévères », précise le dirigeant. Pour la partie roulante de ses véhicules, Chéreau est soumis aux mêmes contrôles et homologations qu'un constructeur automobile ; ses véhicules transportant des denrées périssables pour l'alimentation humaine, ils sont en outre contrôlés et certifiés par le Cemafroid, centre d'expertise de la chaîne du froid, désigné par la Direction générale de l'alimentation du ministère de l'Agriculture. Mais Alain Guermeur voit dans les normes un levier de croissance pour Chéreau : « Au bout de douze ans, le marché se renouvelle, de fait, en raison des normes nouvelles. C'est une chance pour nous ! »
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