BT écrasé par son fonds de retraite

Le boulet du fonds de pension de BT (ex-British Telecom) tire l'entreprise vers le bas. L'opérateur télécoms a annoncé jeudi que le déficit de son fonds de pension atteignait 9 milliards de livres (10,2 milliards d'euros), un record pour une entreprise britannique cotée en Bourse. Pour le renflouer, le groupe s'engage à verser 525 millions de livres (597 millions d'euros) par an (augmenté de 3 % par an) pendant dix-sept ans. La nouvelle a fait chuter l'action BT de presque 9 % à la Bourse de Londres.Le fonds de pension de BT est un héritage de l'époque où l'entreprise était nationalisée. Il a été fermé aux nouveaux salariés depuis 2001. Mais il reste à verser leur retraite aux dizaines de milliers d'employés qui y ont contribué, qu'ils soient déjà à la retraite ou non. Fin 2005, le déficit avait été estimé à 3,7 milliards de livres. La nouvelle valorisation, valable au 31 décembre 2008 mais annoncée seulement ce jeudi, remonte pratiquement au plus bas des marchés, et cela explique l'aggravation du déficit.Après cette valorisation, BT a dû négocier un plan de secours avec les « trustees » qui dirigent le fonds de pension, qui sont indépendants de l'entreprise. Le résultat est ce plan de renflouement sur dix-sept ans. Dans le détail, outre le versement de 525 millions de livres par an, BT se voit imposer des contraintes draconiennes. L'entreprise a l'interdiction de consacrer davantage de liquidités à ses actionnaires, sous forme de dividende, qu'à son fonds de pension. De plus, en cas de vente d'un actif de plus de 1 milliard de livres, le tiers devra être reversé au fonds de pension.L'incertitude sur le fonds de pension est loin d'être terminée. Le régulateur britannique des retraites affirme avoir des « inquiétudes substantielles » concernant l'accord annoncé ce jeudi. Il refuse de préciser leur nature, mais cela signifie que de longues négociations vont démarrer, qui pourraient forcer à réviser le plan de dix-sept ans. Dans le pire des cas, cela pourrait mener à une poursuite judiciaire.Le paradoxe est que la crise du fonds de pension cache des résultats de BT au troisième trimestre en progrès (octobre à décembre 2009). En particulier, la division Global Services, qui s'occupe des contrats avec les grandes multinationales, solidifie son retour à la profitabilité, après le dérapage de 2008.Éric Albert, à Londres
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