Le bâtiment va devoir réduire ses effectifs sous peu

Nous abordons une période qui peut avoir l'aspect d'une purge. " Le nouveau président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Didier Ridoret, débute son mandat sous des auspices bien peu favorables. Les défaillances d'entreprises dans le BTP ont bondi de 34 % selon l'Insee au premier semestre, sachant que ces défaillances recouvrent, selon la FFB, pour 70 % à 80 % des défauts de paiement constatés en justice et pour 20 % à 30 % des cessations d'activité. Pour sa part, l'assureur crédit Euler Hermes Sfac indique que les redressements judiciaires, liquidations de biens et procédures de sauvegarde ont crû - en cumul sur douze mois à fin juin - de 28,1 % dans l'immobilier et de 25,3 % dans la construction.PROGRAMMES ABANDONNESL'effondrement des ventes des promoteurs immobiliers (- 30,9 % au premier semestre) a obligé ces derniers à abandonner ou décaler nombre de programmes, ce qui se solde par un recul de 14,4 % des mises en chantier de logements àfin juillet. Mais celles concernantles bâtiments administratifs, qui auraient pu servir d'amortisseur, reculent aussi (- 22,1 % à fin juillet). La mise en place des nouvelles équipes municipales est traditionnellement peu favorable aux lancements de travaux tandis que la chute des transactions immobilières réduit les recettes des collectivités locales." La situation est toujours aggravée dans le bâtiment par rapport à la situation nationale, précise Laurent Bonhoure, conseiller sectoriel pour Euler Hermes Sfac, dans la mesure où le secteur concentre environ un quart des entreprises françaises, toutes tailles confondues, et parmi elles une proportion élevée de PME et d'entreprises artisanales, par définition plus fragiles. Or celles-ci sont réellement prises en ciseaux entre des volumes de commandes, qui ralentissent, et des coûts des matériaux, qui continuent à s'accroître. " A cela s'ajoute que les travaux d'entretien et de rénovation, qui représentent, d'après la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), 52 % du chiffre d'affaires des PME du secteur, sont moins porteurs (+ 0,5 % au deuxième trimestre contre + 1,5 % au premier). Un tassement que la chute des ventes de logements anciens pourrait accentuer.CARNETS DE COMMANDES STABLESi jusqu'ici les carnets de commandes sont stables (6,5 mois fin juillet 2008 contre 7 à l'été 2007), l'activité restant en partie portée par des chantiers signés en 2007, " l'avenir nous inquiète ", prévient Didier Ridoret. Ce dernier craint " des pertes nettes d'emplois à partir de la fin 2008 et de début 2009. Les entreprises moyennes, qui étaient engagées dans des programmes de logements de moyenne importance, risquent le plus de souffrir ". Déjà, les créations d'emplois ont très nettement ralenti dans le secteur (voir ci-dessous) et 1.100 postes d'intérimaires ont disparu au deuxième trimestre.La poursuite du repli de la promotion immobilière, l'atonie de la croissance, la hausse des taux d'intérêt et la mise en place de la taxe de 1,1 % sur les revenus du capital pour financer le RSA peuvent faire craindre une aggravation de la situation. La FFB veut croire en revanche à une baisse du prix des matériaux comme l'acier, et à l'impact " dès 2009 " de la mise en place du prêt à taux zéro vert dans le cadre du Grenelle de l'environnement. Un impact dont la Capeb estime, pour sa part, qu'il ne sera pas significatif avant 2010.
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