Bras de fer entre Berlin et Bruxelles sur WestLB

C'est une accusation de Bruxelles qui relance la crainte sur les Landesbanken. Selon la presse d'outre-Rhin, la Commission européenne estimerait que WestLB aurait surévalué les actifs transférés en début d'année dans la structure de défaisance créée pour alléger son bilan. L'enquête porterait sur 77 des 85 milliards d'euros d'actifs alloués à cette structure baptisée EAA et, selon les informations du quotidien « Handelsblatt », Bruxelles évaluerait la différence entre la somme inscrite au bilan d'EAA et leur valeur au prix du marché à 3,6 milliards d'euros. WestLB aurait ainsi évité des corrections de valeur qui auraient pesé sur son compte de résultat. Pour l'Union européenne, cette manoeuvre s'apparente à une aide publique puisque le premier actionnaire de la banque, le Land de Rhénanie du Nord Westphalie, a laissé faire et que c'est lui qui porte désormais la responsabilité des actifs transférés à un prix surévalué. WestLB et le Land se sont défendus contre ces accusations. Selon le gouvernement régional, les valeurs des actifs transmis à EAA ont été fixées par les actionnaires et la banque, mais aussi par la BaFin, le gendarme financier, la Bundesbank et la Soffin, l'organisme responsable de l'aide bancaire en Allemagne. La tension devient vive entre Bruxelles et Düsseldorf, car l'enjeu est immense. La nouvelle WestLB, épurée grâce à EAA, discute actuellement fusion avec la Landesbank bavaroise BayernLB. Une opération qui pourrait donner le coup d'envoi à une consolidation de ce secteur qui est le talon d'Achille du secteur bancaire allemand. mouvement attenduL'État fédéral, les caisses d'Epargne, les Länder semblent désormais prêts à soutenir un mouvement attendu depuis une dizaine d'années. Mais si WestLB est condamnée par Bruxelles, BayernLB pourrait renoncer devant l'alourdissement du coût de la facture. Selon le Handelsblatt, la Commission ne croit pas qu'un rachat de WestLB soit « réaliste » et elle plaiderait pour un démembrement pur et simple de la banque. En arrière-plan, le débat porte donc sur la future configuration du secteur des banques régionales en Allemagne. Nul doute désormais que Berlin devra intervenir pour convaincre Bruxelles de l'opportunité du processus de consolidation.Romaric Godin, à Francfort
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