L'analyse de Dominique Reynié : Régionales, gare à l'erreur d'interprétation

L'idée est simple : en considérant que le PS va gagner les élections régionales, ce qui est en effet le plus probable, on fait de cet événement le signe d'une dynamique électorale conduisant à la victoire de la gauche en 2012. Or, le PS ne va pas « gagner » les élections régionales, il va « conserver » les régions, ce qui est bien différent. Si les résultats sont conformes aux annonces, ils refléteront d'abord l'enlisement dans l'opposition d'un PS qui conserve des régions parce qu'il échoue aux élections nationales. Le dernier président de gauche a été élu avant la chute du mur de Berlin. Si la gauche peut échapper au vote sanction lors de ces élections régionales, c'est précisément parce que ce pouvoir local dont elle est responsable est à peine identifiable par nos concitoyens. Que peut-on reprocher à une institution dont l'action peine à être reconnue ? Conserver le pouvoir régional n'est pas ce que l'on peut appeler une dynamique... Montages hétéroclitesPour connaître la véritable signification du scrutin, il faudra d'abord comparer le score du PS à celui de l'UMP, afin de savoir lequel des deux partis arrive en tête, rien moins que cela... Il faudra, ensuite, étudier le niveau de l'abstention, car à partir de 50%, ces élections montreront que, si la droite supporte le prix des réformes engagées depuis 2007, la gauche n'en devient pas plus attractive. Enfin, entre les deux tours, il faudra veiller aux effets que pourraient produire les marchandages qui ne manqueront pas d'avoir lieu entre les différentes formations de gauche. Car si l'offre de droite, unie dès le premier tour, pâtira d'un problème de réserves de voix au second, elle affiche en revanche une cohérence d'une clarté identique d'un tour à l'autre. Au contraire, si la gauche semble avoir des réserves pour le second tour, elle s'est condamnée à réaliser des montages hétéroclites et de dernière minute sur la base d'accords que les électeurs n'auront pas la possibilité de connaître.Favorable au PrésidentDe même que l'on n'avance pas en faisant du surplace, la gauche ne peut être créditée d'une dynamique électorale au motif qu'elle s'apprête à conserver ses positions acquises dans les régions. Dimanche, elle peut tirer profit des mauvais sondages de popularité de Nicolas Sarkozy, mais la situation du président dans l'opinion est le résultat de décisions qu'il a prises, qu'il continue de prendre et qui sont par définition coûteuses en termes de popularité et pourtant indispensables à notre pays comme aux générations futures : réforme des régimes spéciaux, réforme de la carte judiciaire, réforme des universités, réforme de la carte hospitalière, réduction du nombre des fonctionnaires et maintenant réforme des retraites. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cette situation est favorable au président. La droite peut souffrir d'un scrutin d'humeur par temps de crise, mais 2010 n'est pas 2012 et son atout maître reste Nicolas Sarkozy. En 2012, les Français compareront ses performances, sa gestion de la crise géorgienne, sa présidence de l'Union européenne, sa gestion de la crise financière et ses réformes, celles qui plaisent comme celles qui déplaisent, avec les performances du Parti socialiste qui n'aura eu en charge pendant 10 ans que la gestion des TER. 2010 n'est pas 2012.
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