L'homme qui doit remettre le nucléaire d'EDF sur les rails

Après mes études, mon objectif était de construire un chemin de fer ou un port en Afrique », se souvient Hervé Machenaud, 62 ans, l'homme à qui Henri Proglio a confié la première des ses priorités pour EDF : le redressement de la performance du parc de production nucléaire français. En dirigeant, au milieu des années 1980, la construction des centrales nucléaires françaises à Daya Bay, au fin fond de la Chine, il n'est pas passé loin de son rêve. Et a attrapé au passage le virus de l'industrie, qu'il veut remettre au centre des préoccupations de l'électricien. « Le parc nucléaire d'EDF est un tel succès industriel qu'on a oublié que c'était d'abord une industrie », souligne-t-il. Henri Proglio lui a fixé comme objectif de hisser le taux de disponibilité des centrales françaises de 78 % en 2009 à 85 % d'ici à trois ans, avec un gain de 1,5 à 2 points dès 2010. Un enjeu crucial puisque, l'an dernier, ce mauvais fonctionnement a coûté 1 milliard d'euros de manque à gagner à l'électricien. Pour relâcher les contraintes qui pèsent sur les centrales, « notre objectif est de redonner de l'autonomie et des responsabilités aux directeurs d'usines que sont leurs dirigeants », déclare Hervé Machenaud. Actuellement, pas moins de 11 programmes décidés au niveau national sont appliqués dans chacun des 58 réacteurs français. « La standardisation du parc a mené à une trop forte centralisation. J'aimerais renverser le processus et que l'on écoute davantage les hommes qui sont sur le terrain », ajoute-t-il. Il observe au passage que le taux de disponibilité est lui même un indicateur centralisateur, chaque centrale nucléaire disposant, selon les moments, d'une importance différente dans l'alimentation du réseau.vision décentralisatricePour remplir sa mission, Hervé Machenaud vient de promouvoir à la tête de la direction production nucléaire Dominique Minière, qui était l'adjoint du précédent directeur, Serge Massart. Même mouvement du côté de l'ingénierie. Afin de la recentrer sur le coeur de l'activité industrielle, Hervé Machenaud a confié à Jean-Marc Miraucourt la préparation des évolutions de l'ingénierie au service de l'exploitation du parc nucléaire. Une direction jusqu'alors assurée par Bernard Salha. Hervé Machenaud pousse encore plus loin sa vision décentralisatrice, affirmant que, à terme, les équipements pour la maintenance du parc nucléaire français viendront de Chine. Une certitude pour ce fils d'officier de marine, qui a vécu la majeure partie de son enfance en Afrique, avec des vacances en Martinique dans sa famille maternelle. « La Chine construit 10 centrales nucléaires par an depuis deux à trois ans. Il sort de terre deux centrales thermiques à charbon par semaine. L'activité industrielle de la construction électrique se localise désormais en Chine », estime Hervé Machenaud, qui vivait à Pékin depuis 2002, en charge de la branche Asie-Pacifique d'EDF. Fonction qu'il continue à assurer depuis Paris, ses allers-retours n'allant pas sans agacer certains de ses 35.000 collaborateurs. « La complémentarité est évidente, s'exclame-t-il. EDF exploite le plus important parc du monde et la Chine a le plus grand programme de construction de l'industrie nucléaire mondiale. »
Commentaires 2
à écrit le 03/08/2022 à 12:49
Signaler
Alors, toujours pas de réponse! Quand la politique en général, guidée par le clientélisme électoral, veut s'ingérer dans des domaines techniques par méconnaissance du sujet voilà où ça mène !

à écrit le 21/07/2022 à 15:48
Signaler
Pourquoi Serge Massart a-t'il été désigné pour être le fossoyeur téléguidé de Fessenheim en impulsant la fermeture (prématurée) des deux tranches de 900MW (électriques) et ce, en arrière plan, probablement sous la pression des verts allemands guidés...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.