Orange profite à plein de l'itinérance à Free Mobile, la polémique relancée

Un an après l\'arrivée fracassante de Free Mobile, Stéphane Richard, le PDG de France Télécom Orange, va dresser un bilan de l\'année 2012 et des perspectives 2013 ce lundi lors d\'un point presse au nouveau siège du groupe, tour Olivier de Serres, dans le XVe arrondissement de Paris. Pas de chiffres précis avant la publication le 23 février des résultats annuels, mais des tendances. Or le quatrième trimestre a été « plutôt bon » confie un cadre de l\'opérateur historique. En particulier « le chiffre d\'affaires wholesale (activité de gros NDLR) a bien bondi... » Il s\'agit bien sûr des revenus du contrat d\'itinérance signé avec Free Mobile, par lequel Orange loue son réseau au nouvel entrant. Pierre Louette, le directeur général adjoint de France Télécom, vient d\'indiquer qu\'il rapporterait « plus de 1 milliard d\'euros en deux ans, c\'est au-delà de nos espérances » dans un entretien à nos confrères des Echos. « C\'est conforme à nos attentes : nous avions 1,1 milliard d\'euros sur 2012-2013 dans nos modèles, dont un peu plus de 500 millions pour l\'année passée » expliquent les analystes d\'Oddo. Initialement, le contrat, qui comporte une partie fixe et une partie variable, était estimé à 1 milliard sur six ans. Stéphane Richard avait ensuite révélé qu\'il pourrait rapporter le double et atteindre 1 milliard sur trois ans.Débit bridé sur les antennes Orange ? Pour autant, les concurrents, en particulier SFR qui a saisi la Commission européenne, continuent de reprocher à Orange d\'avoir signé ce contrat aux conditions tarifaires qu\'ils estiment outrageusement favorables à Free. « Nous n\'avons pas bradé nos réseaux, puisque la structure tarifaire du contrat protège la valeur de l\'Internet mobile, en fonction des volumes consommés » plaide Pierre Louette. Or les volumes explosent au vu de cette réévaluation du contrat : c\'est la partie variable qui a flambé, du fait du succès commercial, à raison de 4,4 millions d\'abonnés Free Mobile à fin septembre, sans doute autour de 5 millions aujourd\'hui, et de la consommation élevée de ces derniers.Cette flambée a-t-elle des conséquences sur la qualité de service ? Un reportage d\'Envoyé Spécial, jeudi soir, montrait des experts de la société d\'études Directique comparant la rapidité de téléchargement de vidéos sur des smartphones équipés de cartes SIM Orange et Free Mobile concluant que le débit était inférieur pour un client Free non par sur une antenne Free mais en itinérance sur une antenne Orange. Xavier Niel, le fondateur de Free, blâmerait Orange qui « limite notre bande passante sur certaines antennes » aurait-il écrit dans un email. Interrogé, Pierre Louette dément formellement que l\'opérateur bride le débit pour les abonnés de Free. Les deux partenaires se renvoient la balle...La fin de l\'itinérance avant 2018 tuerait Free Mobile« Il y a bien sûr une clause stipulant qu\'Orange doit servir sans discrimination les clients Free Mobile de la même façon que les siens », assure-t-on chez l\'opérateur historique. « On n\'imagine mal les dirigeants d\'Iliad, peu frileux en matière de poursuites judiciaires, rester les bras ballants s\'ils soupçonnent véritablement Orange de brider le débit » observe un analyste. Un recours ne menacerait pas le maintien du contrat si cette disposition est clairement stipulée. « Free ne paie peut-être pas assez d\'unités de connexions dans certaines zones », avance cet expert. « Free remplit ses obligations contractuelles », répond simplement Orange. « Le problème provient des liens d\'interconnexions data, surtout en Ile-de-France où se trouvent près de 50% des clients de Free Mobile » affirme une source bien informée.Iliad, la maison-mère, n\'a jamais dévoilé la répartition de ses abonnés mobiles, parlant juste d\'équilibre entre les forfaits. Selon un sondage réalisé en ligne par Univers Freebox et Forfaitfree.com (des données déclaratives à regarder avec précaution), 41% des abonnés Free Mobile auraient un forfait à 15,99 euros (grâce à la ristourne accordée aux clients ADSL Freebox) et 14% à 19,99 euros (soit 55% de clients avec de la data), contre 25% au forfait à 2 euros et 19% ne payant rien (l\'offre à 2 euros est gratuite pour les abonnés Freebox). « Mais même sur les petits forfaits, il y a pas mal de consommation data, qui n\'est pas chère en option » relève un cadre au fait de la situation. Stéphane Richard devra sans doute encore s\'expliquer lundi sur ce regain de polémique. Fin février, l\'Autorité de la Concurrence, saisie par le gouvernement, doit rendre un avis sur ce fameux contrat d\'itinérance afin de savoir « dans quelle mesure Free ne bénéficierait pas d\'un modèle de déploiement durablement plus avantageux que ses concurrents » et s\'il faut fixer une date-butoir à ce contrat. « En aucun cas, on ne peut décider d\'arrêter ce contrat avant son expiration en 2018 : si ce n\'est plus que trois ans, on tue Free Mobile, qui ne pourra plus servir ses clients » fait valoir un proche du dossier. Selon les obligations prévues dans sa licence, Free Mobile doit couvrir 75% de la population en janvier 2015 et 90% en 2018.  
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