Skyrock est en vente, Pierre Bellanger provoque une crise

Séisme sur la planète rap. Mardi soir, Pierre Bellanger a été écarté de la direction de la station qu'il a créée en 1986, Skyrock. Le fonds d'investissements Axa Private Equity, qui détient 70% du capital du groupe, a décidé de dissocier les fonctions de président du conseil d'administration et de directeur général à la tête de la radio. Pierre Bellanger, qui possède 30% du capital du groupe, reste donc président, mais est démis de toute fonction opérationnelle. À sa place, a été nommé Marc Laufer, jusqu'à récemment directeur général adjoint de NextRadio TV (BFM TV, RMC, O1 Net). La nouvelle a fait l'effet d'une bombe au sein de la station. Toute la journée de mercredi, l'antenne et la plateforme de blogs ont été mobilisées par ses animateurs. Les jeunes auditeurs ont été invités à un barbecue géant devant la radio pour défendre Pierre Bellanger. « Skyrock, radio libre en danger de mort. À tout moment, Skyrock peut disparaître. La liberté toute entière de toute une génération est menacée à tout jamais», scande le jingle publié sur le blog de l'animateur star Difool. Le directeur des programmes, Laurent Bouneau, entouré de certains artistes rap de la radio, comme Mokobe, a convoqué la presse pour s'émouvoir du sort réservé à son compagnon de 25 ans : «il est choqué mais combattif. Avec tous les salariés, nous lui devions cette mobilisation». Si les auditeurs ont répondu présent, Pierre Bellanger ne s'est pas montré. Il ne s'est pas non plus exprimé sur l'avenir de Skyrock. Pourtant, le fondateur de la station a signé il y a quelques mois avec Axa Private Equity un mandat de vente pour l'ensemble du groupe à Messier Maris Partners, la banque d'affaires de Jean-Marie Messier, et à Gérald de Roquemaurel, l'un de ses proches, qui fait aussi partie de son conseil d'administration. La participation de Pierre Bellanger fait partie du mandat confié aux banquiers... même s'il a laissé entendre par voie d'un communiqué lapidaire que seul Axa était vendeur. Résultats dégradésS'il ne s'attendait pas à être démis aussi brutalement de ses fonctions de dirigeant, le fondateur de la station savait qu'il avait depuis des mois de fortes divergences de vue avec les autres actionnaires. Ces derniers lui reprochaient notamment des positions ambiguës sur le processus de cession engagé et une gestion insuffisament rigoureuse de l'entreprise. « Nous avons recapitalisé deux fois l'entreprise. Sur les cinq dernières années, la situation s'est dégradée », indique à « La Tribune » Dominique Sénéquier, à la tête d'Axa Private Equity. En écartant Pierre Bellanger de la direction, Axa tente donc de reprendre la main. Ces dernières années, les résultats ont sensiblement chuté et les diverses sociétés n'ont pas versé de dividende. Pourtant, Skyrock - qui reste la cinquième station de France - attirait chaque jour 3,95 millions d'auditeurs sur la période novembre-décembre 2010, un chiffre plutôt stable sur ces dernières années compte tenu de la difficulté des musicales en général. Visiblement, c'est surtout la plateforme de blogs, qui a souffert de « la concurrence de Facebook en 2010 », selon Laurent Bouneau. En tout cas, la nomination de Marc Laufer, ancien bras droit d'Alain Weill, le PDG de Nextradio (actionnaire de « La Tribune »), a jeté un froid au sein du groupe, qui emploie 200 personnes. Précédé d'une réputation de coupeur de têtes, il a notamment conduit la forte restructuration menée au sein du groupe de presse informatique Groupe O1. «J'ai été nommé pour développer l'entreprise, afin que ses résultats commerciaux soient en rapport avec ses audiences», rétorque Marc Laufer, qui n'a pas réussi à pénétrer les lieux mercredi. Selon Laurent Bouneau, la principale mission du nouveau dirigeant est « d'économiser deux millions d'euros ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.