Le poids de la dette, la légèreté de l'État

La crise de la dette grecque, et conséquemment celle de la zone euro, a été une aubaine pour Charles Gave. Non pas que ce financier international s'en réjouisse, mais le contenu des livres qu'il signe depuis quelques années sur la façon dont fonctionne l'économie en France ? notamment « Des lions menés par des ânes » (Robert Laffont, 2003) et « Libéral mais non coupable » (François Bourin Éditeur, 2009) ? a été dans une large mesure vérifié dans la réalité. Dans « L'État est mort, vive l'État ! », son nouveau pamphlet ? un genre qui exige une connaissance profonde du sujet dont on traite, disait Jean-François Revel ?, il reprend la formule qui a fait le succès des précédents ouvrages : style clair et direct, propos didactiques et fondés sur des données sous forme de graphiques, pour montrer combien la centralité de l'État dans le fonctionnement de l'économie française est plus qu'un handicap, une faute morale. En effet, l'État en France développe une logique économique qui, en schématisant, favorise davantage le rentier que l'entrepreneur. Une configuration qui s'est solidifiée, sinon ossifiée, en une génération. « On vit très bien en France, où la génération la plus stupide de l'histoire, celle de mai 1968 (dont je fais partie), a déjà dépensé toute l'épargne accumulée par les générations précédentes, pour ensuite emprunter l'épargne future de leurs enfants et maintenant de leurs petits-enfants », fustige-t-il. Car la nécessaire réduction de la dette publique va pousser à la douloureuse remise à plat d'un système étatique qui vérifie plus que jamais la célèbre définition de Frédéric Bastiat sur laquelle s'ouvre l'ouvrage : « L'État est le mythe qui permet à chacun d'espérer vivre aux dépens des autres. » Pourtant, Charles Gave ne veut pas la disparition de l'État. Au contraire, il plaide pour qu'il joue efficacement son rôle régalien ? police, justice, administration générale, défense et diplomatie ?, mais ne s'occupe pas d'éducation ou de transport. Pour le diriger, il prône une élite choisie par la démocratie directe pour éviter la reproduction stérile de la « cléricature budgétivore ». Et défend le principe d'une fiscalité proportionnelle et non progressive pour assurer le fonctionnement de cet État. Bref, de revenir à un certain esprit des Lumières. Robert Jules « L'État est mort, vive l'État ! », de Charles Gave. François Bourin Éditeur (164 pages, 19 euros).
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