La Cour des comptes épingle Roselyne Bachelot sur la gestion de la grippe A

« L'Eprus (Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) a été tenu en laisse par le ministère de la Santé. En tant qu'organisme exécutif, il n'est pas responsable des décisions prises pour lutter contre la grippe A. » Venue présenter jeudi, devant la commission des Finances de l'Assemblée, son rapport sur les comptes de l'Eprus, Rolande Ruellan, la présidente de la sixième chambre de la Cour des comptes, renvoie le gouvernement, et en particulier la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, à ses responsabilités.Créé par la loi du 5 mars 2007 et mis en place en août de la même année, l'Eprus a pour vocation de gérer les stocks des produits de santé pour faire face à une éventuelle attaque terroriste ou à toute pandémie grippale. Financé à 50 % par la Sécurité sociale et à 50 % par l'Etat, l'Eprus a reçu 1,1 milliard d'euros depuis 2007 et a dépensé 920 millions d'euros, dont 446 millions pour la seule lutte contre le virus H1N1. L'épidémie de grippe A, qui a touché la France de l'été 2009 à janvier 2010, et a provoqué la mort de 312 personnes, selon les derniers chiffres officiels, constitue le « baptême du feu » de l'Eprus. Un bilan critiqueLe bilan dressé par la Cour des comptes est peu reluisant. La réserve sanitaire, l'une des missions fondamentales de l'Eprus, est « à repenser totalement » suite au recrutement, « pour l'essentiel sous le régime de la réquisition », du personnel médical pour effectuer les vaccinations. Le rapport déplore l'absence d'un contrat de performances entre l'Etat et l'Eprus, qui définirait précisément les attributions de chacun. Les décisions du ministère de la Santé sur la commande, le stock et la distribution des vaccins sont également pointées du doigt. La Cour des comptes évalue à 61 euros le coût d'une dose de vaccin utilisée. Le rapport déplore les conditions de négociation avec les laboratoires pharmaceutiques et rappelle que, sur 94 millions de doses commandées (ce qui équivaut à deux doses pour 75 % de la population), 50 millions ont été ensuite annulées, pour un coût total de 365 millions d'euros, alors que seules 5,3 millions de personnes ont été vaccinées. Sylvain Rolland
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