Consommation et investissement, deux moteurs pas toujours synchronisés

- - - - -1 - Consommation : les ménages ont remis la main au portefeuille... Avec une progression de 0,6 %, la consommation des ménages fut le seul moteur à fonctionner en 2009. C'est grâce à la solidité de cette consommation que la France a relativement résisté au cours de la plus grave crise économique des pays industrialisés depuis 1945. Pour mémoire, le PIB tricolore a reculé de 2,5 % quand celui de l'Allemagne dégringolait de 4,9 %.En 2010, il a repris des tours, en particulier au quatrième trimestre (+ 0,9 %). Soutenu par certaines mesures contenues dans le plan de relance, comme la prime à la casse mais aussi par la bonne tenue du marché immobilier et donc des dépenses d'équipement du logement, et par le jeu des stabilisateurs automatiques, la consommation a augmenté de 1,6 %.Dans un contexte d'inflation limité, le pouvoir d'achat aurait augmenté d'à peu près 1,5 % selon les calculs de Nicolas Bouzou chez Asterès. « Les Français ont donc pu consommer sans trop toucher à leur taux d'épargne », constate l'économiste. Un rythme relativement soutenu mais qui reste largement inférieur à celui observé entre 2000 et 2007, période au cours de laquelle il a progressé de près de 2,6 % par an.... mais l'inflation guetteCe rythme pourra-t-il être retrouvé cette année ? Il est encore difficile de le dire. Une chose est à peu près certaine, les ménages devraient consommer davantage qu'en 2010, l'acquis de consommation étant de 1,7 %. C'est-à-dire que, si la consommation était simplement stable lors des quatre trimestres, la consommation progresserait à ce rythme.Plusieurs éléments pourraient venir fragiliser le seul pilier actuel de la croissance tricolore. « La question de l'évolution du revenu disponible réel pour alimenter la consommation se pose. Il dépend de l'emploi, des salaires et des prix à la consommation. Au regard des ajustements de l'emploi et des salaires ainsi que des mouvements en cours, en particulier de l'inflation, nous avons une image encore fragile pour 2011 », observe Philippe Waechter chez Natixis Asset Management. Selon les dernières prévisions de l'Insee, publiées en décembre, les prix à la consommation ont augmenté de 1,8 %, tirés par le renchérissement des tarifs de l'alimentation et de l'énergie.Autre élément à prendre en compte, la remontée des prélèvements obligatoires que la prochaine réforme de la fiscalité du patrimoine pourrait entraîner. Sur ce point, on en saura plus au printemps. F. P.- - - - -2 - L'investissement est mollement reparti...Encourageant mais peut encore mieux faire ! Après avoir chuté de 7,9 %, la formation brute de capital fixe des entreprises, autrement dit leur investissement, n'a reculé que de 1,4 % en 2010, malgré les timides progressions observées dès le deuxième trimestre. Point positif, il a augmenté de 3,5 % dans l'industrie, refaisant une petite partie du terrain perdu l'année précédente (? 11,2 %).Pour 2011, les industriels prévoient une hausse de 14 % de leurs investissements, relevant de 5 points leurs premières estimations émises en octobre. « La reprise des dépenses d'équipement serait particulièrement importante dans les secteurs des autres industries (+ 19 % après ? 1 %) tels que le travail du bois, du papier et de l'imprimerie, l'industrie pharmaceutique ainsi que la métallurgie. Elle serait également marquée dans les industries agricoles et alimentaires (+ 7 % après ? 8 %) ainsi que dans le matériel de transport (+ 8 % après ? 6 %) tout en restant limitée dans l'automobile (+ 1 % après ? 7 %) », détaille l'Insee. Cette prévision encourageante est à prendre avec des précautions car elle est régulièrement abaissée, les chefs d'entreprise étant toujours très optimistes en janvier. « C'est un réflexe naturel. Les dirigeants doivent faire preuve d'allant en début d'exercice pour stimuler leurs salariés », explique Yvon Gattaz, le président de l'Asmep-ETI.... alors que la demande reste faibleIl serait néanmoins bon que ces anticipations se réalisent cette fois-ci car, depuis 2008, les déclassements progressent plus vite que les investissements. Autrement dit, l'appareil productif industriel est menacé d'obsolescence malgré les mesures mises en place par l'État dans le cadre de la Conférence nationale de l'industrie (lire page 6). « Cet effort d'investissement passe notamment par le redressement impératif des marges dont le niveau reste faible par rapport à celui affiché par nos concurrents allemands », avait indiqué Pierre Nanterme, le président de la commission Économie du Medef lors de la présentation du rapport Cartes sur table 2011, qui plaide sans surprise pour une baisse des prélèvements obligatoires acquittés par les entreprises. Mais le redémarrage de l'investissement passe aussi par une reprise de la demande domestique et internationale. Or la zone euro, qui accueille les deux tiers de nos exportations étant, à l'instar de la France, engluée dans une croissance molle, il faudrait être bien optimiste pour parier avec sérénité sur ce scénario.
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