Un défi : maintenir le niveau des pensions

Les jeunes générations ont peine à se le représenter?: pourtant, dans les années 1970, la pauvreté touchait avant tout les plus âgés. Comme le rappelait le démographe Hervé Le Bras récemment, la situation a complètement changé, la précarité étant passée du côté des jeunes. Tout l'enjeu de la réforme est de préserver cet acquis pour les plus âgés. C'est l'un des grands engagements de ce gouvernement?: ne pas baisser les pensions des retraités d'aujourd'hui et de demain. Pour autant, la réforme ne fixera pas de garantie individuelle sur leur niveau. Et pour cause. Car les réformes précédentes (1993, 2003 et 2008) ont inscrit au coeur du système une baisse programmée du niveau relatif des pensions. En 1995, selon les chiffres du COR, le taux de remplacement moyen (niveau de retraite par rapport au dernier salaire) était de 79 %. Il est passé à 72 % en 2007 et devrait tomber à 65 % en 2020 et 59 % en 2050. La dégradation est particulièrement sensible pour les cadres?: le taux de remplacement devrait descendre à 55 % en 2020 et même 43 % en 2050. Cela avant même tout effet de la réforme 2010. Explication?? La réforme de 1993 a instauré la prise en compte des salaires des 25 « meilleures » années pour le calcul de la pension, salaires qui plus est indexés sur l'inflation. L'allongement de la durée de cotisation requise pour une pension à taux plein (de 40 à 41 ans en 2012) accentue encore la tendance.La réforme 2010 renforcera cette tendance pour les plus précaires, les salariés ayant des carrières incomplètes?: ceux-ci seront soit obligés de travailler jusqu'à 67 ou 68 ans pour avoir une retraite à taux plein, soit d'avoir une retraite minorée en cas de départ anticipé. S'ils ne se retrouvent pas au chômage avant de partir à la retraite?: déjà, aujourd'hui, six salarié sur dix sont hors emploi au moment de liquider leur pension. C'est là tout la limite de la réforme?: sans modification fondamentale du marché du travail, un recul de l'âge de départ à la retraite ne fera qu'accentuer la tendance, transférant ainsi la charge des retraites sur celle de l'assurance chômage. S.T.
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