Rupert Murdoch veut la pépite BSkyB pour lui seul

Rupert Murdoch a entamé une bataille pour prendre le contrôle complet de BSkyB, son bouquet satellite britannique. S'il a lui-même créé BSkyB voilà deux décennies, il veut maintenant racheter les 61 % qu'il ne contrôle pas, pour mettre la main sur cette entreprise particulièrement rentable. Mais les autres actionnaires de BSkyB refusent, pour l'instant, d'accepter le prix qu'il propose.Rupert Murdoch, via son empire News Corporation, a proposé initialement 675 pence par action. Face au refus des membres non exécutifs de BSkyB, il a immédiatement augmenté son offre à 700 pence, soit 7,8 milliards de livres (9,4 milliards d'euros) pour la part qu'il ne contrôle pas. Cela représente une prime de 22 % par rapport au cours de Bourse du 9 juin, veille de l'approche initiale de Rupert Murdoch.Là encore, le conseil d'administration a refusé - en l'absence de James Murdoch, fils de Rupert et président de BSkyB, qui ne pouvait siéger pour des raisons évidentes de conflit d'intérêt. Il demande 800 pence par action, soit 8,9 milliards de livres (10,7 milliards d'euros).Preuve cependant que Rupert Murdoch et le conseil d'administration ne sont pas si loin que cela de trouver une position commune, ils ont signé un accord permettant de faire avancer le processus de vente. En particulier, le dossier va être soumis aux autorités de la concurrence. Une procédure qui devrait prendre au moins six mois, selon Chase Carey, vice-président de News Corp. Preuve aussi que l'entreprise de Rupert Murdoch peut facilement augmenter son offre, sa proposition est aujourd'hui de payer entièrement comptant. Les deux tiers viennent directement de sa trésorerie, et le reste (4 milliards de dollars) serait emprunté.Pourquoi est-ce que le magnat des médias veut prendre le contrôle total de BSkyB, alors qu'il en a déjà le contrôle opérationnel ? La réponse est essentiellement financière : le bouquet satellite, créé par Rupert Murdoch voilà deux décennies, est une véritable vache à lait. L'an dernier (juillet 2008 à juin 2009), elle a dégagé un cash-flow opérationnel de 805 millions de livres, soit 970 millions d'euros). « Cela nous permettrait aussi d'augmenter nos revenus venant d'abonnements et de réduire ceux venant de publicités, ce qui améliorerait la prédictibilité de l'entreprise », explique Chase Carey. De plus, le magnat profite de la chute de la livre sterling par rapport au dollar (? 15 % sur un an) pour réduire le coût de l'opération.Premières chaînes en 3DSurtout, l'offre de Rupert Murdoch souligne l'impressionnante réussite de BSkyB. Leader de la télévision par satellite, l'entreprise a longtemps su s'imposer grâce à une offre de sports (droits de football en particulier) et de films. Toujours à la pointe de l'innovation, elle a fait partie de première à proposer la haute définition, et elle a lance à l'occasion de la Coupe du monde, l'une des premières chaînes au monde en 3D. Mais elle a aussi su faire face à la nouvelle concurrence d'Internet. BSkyB a lancé, il y a quatre ans, ses premières offres d'accès Internet haut débit et d'abonnement téléphonique. Et le groupe a pris des parts de marché sur les opérateurs télécoms. Sa diversification a aussi permis de diffuser ses contenus ailleurs que via son seul bouquet satellite. Ses chaînes sont accessibles - sur abonnement - sur les réseaux concurrents câblés (Virgin, BT...), mais aussi via les nouvelles offres de télévision par Internet, comme Fetch TV, qui propose les chaînes de BSkyB pour un abonnement allant jusqu'à 50 euros par mois. Sky vend aussi ses chaînes via la XBox, la console de jeux de Microsoft, ou sur téléphone portable. « Il faut voir Sky à la fois comme à un vendeur de chaînes de TV à péage et un fournisseur de contenus », soulignait le mois dernier une note des analystes de Bank of America Merrill Lynch. Contrairement à la fin des années 1990, quand d'énormes investissements technologiques ont été nécessaires pour passer au digital, BSkyB investit désormais moins dans ses innovations. Ses quelque 10 millions de clients étant fidèles. La pépite est en or : Rupert Murdoch ne veut plus la partager.
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