Lorsqu'il a quitté le ministère du Budget pour la rue de Grenelle, la mission d'Eric Woerth était simple : mener à bien la réforme des retraites sans provoquer trop de remous dans l'opinion publique. Deux mois à peine après sa nomination, le ministre du Travail a pris le dossier à bras le corps, entouré d'une équipe « solide », selon les leaders syndicaux et patronaux reçus en bilatérale à l'hôtel du Châtelet. Surtout, par-delà le seul dossier des retraites, Eric Woerth est en train de s'imposer comme le « Monsieur social » de l'exécutif. Une carte supplémentaire à mettre à l'actif du très discret, mais fin politique, maire de Chantilly (Oise), qui figure désormais en bonne place sur la liste des successeurs potentiels de François Fillon à Matignon. Un « talent naturel »A l'issue du dernier sommet social, le 10 mai, Eric Woerth est le seul membre du gouvernement à prendre la parole dans la cour de l'Elysée dans la foulée des dirigeants syndicaux et patronaux. François Fillon s'engouffre dans sa voiture. Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, ne dit mot alors que l'objet officiel de la rencontre avec les partenaires sociaux est précisément la situation de... l'emploi. Quelques minutes plus tard, un proche du chef de l'Etat loue le « talent naturel » du ministre du Travail. En tête des dossiers en passe de glisser de Bercy vers la rue de Grenelle, figure celui de l'emploi des seniors. Tout au long de l'année 2009, le dossier a été porté par Laurent Wauquiez. Sous la menace de pénalités financières, le secrétaire d'Etat à l'Emploi a poussé les branches et entreprises à négocier sur l'emploi des seniors. Mais lundi dernier, lors du sommet social, lorsqu'il s'agit de réfléchir à des dispositifs de soutien à l'embauche des seniors, le chef de l'Etat confie la mission à Eric Woerth, « en lien avec Christine Lagarde et Laurent Wauquiez ». Certes, l'amélioration du taux d'emploi des plus de 50 ans est l'un des leviers de la réforme des retraites. Mais pour le secrétaire d'Etat à l'Emploi, qui n'est, en outre, pas parvenu à obtenir le maintien du « zéro charge pour les TPE », la pilule est un peu amère. D'autant que, ce mardi, Eric Woerth poursuivra dans cette voie en organisant, à son ministère, une table ronde sur « l'emploi des seniors et les bonnes pratiques d'entreprise », avec les DRH de Veolia, Safran ou la Banque Postale. A. L.

latribune.fr

16 Mai 2010, 23:18

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