Société Générale admet ses défaillances pour mieux accabler Kerviel

Dans le procès Kerviel, la septième journée d'audience a débuté par un débat acerbe entre la partie civile, Société Généralecute; Générale, et la défense. Me Metzner veut obtenir copie de plusieurs disques durs non saisis lors de l'instruction, «?bizarrement?» selon lui. Notamment ceux des supérieurs de Jérôme Kerviel, avec leurs messageries. Mais pour Me Veil, l'avocat de Société Généralecute; Générale, «?la défense souhaite utiliser ces pièces pour démontrer que la banque a fait preuve de faiblesses dans ses contrôles. Or la banque a reconnu ces faiblesses. D'ailleurs, il n'existe pas de fraude sans faiblesses (...) Mais Kerviel n'a pas été embauché comme testeur des systèmes de contrôle, et ces faiblesses n'ont rien à voir avec une incitation à frauder?». Une position appuyée par le ministère public.Carence graveMetzner contre-attaque?: «?pourquoi la transparence vous fait-elle si peur?? Pourquoi la banque a-t-elle proposé à la barre [vendredi, N.D.L.R.] de fournir ces documents pour ensuite refuser de le faire???» Il promet d'examiner les pièces pendant le week-end et de ne pas demander de délai, mais le juge ne prend pas position.Les «?faiblesses?» confessées par Me Veil sont ensuite exposées crûment lors de l'audition de deux membres de la Commission bancaire (aujourd'hui l'Autorité de contrôle prudentiel). Ils ont participé à l'enquête administrative qui s'est soldée par un blâme et une amende de 4?millions d'euros. «?Nous avons constaté une carence grave dans le dispositif de contrôle interne?», indique l'inspecteur. Pour lui, les techniques de dissimulation de Kerviel «?n'étaient pas particulièrement sophistiquées ni imparables, d'ailleurs une fraude utilisant les mêmes méthodes avait été détectée à la Société Généralecute; Générale au premier semestre 2007. Mais après cette affaire, la banque n'avait pas pris de mesures pour éviter ce genre de fraudes dans le secteur où travaillait Kerviel?». Metzner jubile?: «?si on avait appliqué les conclusions du rapport de l'inspection générale, on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui.?»Ce soutien indirect est bienvenu pour Kerviel. Car, un peu plus tôt, le procureur, Jean-Michel Aldebert, lui a fait dire, dans un dialogue en forme de «?check-list?», qu'il avait «?passé des opérations fictives?», «?donné de fausses explications?», «?confectionné de faux e-mails?» et «?pris des positions hors mandat?». Le procureur a alors souligné que les faits d'abus de confiance, faux et usage, et introduction frauduleuse de données dans un système informatisé lui semblaient donc constitués.Benjamin Jullie
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