«Le débat sur la transition énergétique ne peut pas se résumer à la question du nucléaire»

Il y a urgence. Pour dévier les flèches de la seule cible du nucléaire, l\'Union Française de l\'Electricité (UFE), qui regroupe les producteurs d\'électricité, au premier rang desquels EDF, tente d\'élargir la problématique. «Le débat ne peut pas porter uniquement sur l\'électricité. Il doit s\'intéresser à toutes les énergies et s\'attaquer en priorité à la maitrise de la demande», déclare Jean-François Raux, délégué général de l\'organisme professionnel. «Si le débat se concentrait sur la seule électricité d\'origine nucléaire, qui représente 16% de l\'offre d\'énergie en France, ce serait une erreur», martèle-t-il.\"Complètement d\'accord avec les écologistes\"«Nous sommes complètement d\'accord avec les écologistes», affirme-t-il dans un sourire, «il faut effectivement partir de la demande! Si on bâtit un scénario qui table sur une baisse de la demande de 20% et qu\'on n\'est pas capable d\'y arriver, cela ne tiendra pas la route», martèle-t-il. «Nous n\'avons pas d\'autre priorité que l\'efficacité énergétique. Il faut qu\'on mobilise l\'argent le plus efficacement possible pour atteindre les objectifs d\'économies d\'énergie. Après, on peut faire 50, 20 ou 70% de nucléaire, c\'est un débat idéologique, certes, mais surtout technique», veut croire le délégué général de l\'UFE.«Pour maîtriser la demande, il faut se concentrer sur les mesures qui nécessitent une mobilisation de ressources raisonnable», estime-t-il. «C\'est notre priorité. Isoler de fond en comble une maison et changer la chaudière coûte 30.000 euros. Tandis que le gain en économie d\'énergie est de 800 euros par an. Il faut 37 ans pour rentrer dans ses frais !», calcule-t-il. Le changement des fenêtres exige environ 20 ans pour être amorti, selon l\'UFE.Des temps de retour sur amortissement supérieurs à 20 ansSi 7 térawatt heures (TWh) d\'économie (sur une consommation totale d\'énergie de 420 TWh) sont accessibles au moyen de 5 milliards d\'euros d\'investissement, qui peuvent être amortis en moins de 10 ans, un gisement de 72 TWh d\'économie d\'énergie reste, lui, inaccessible, avec des temps de retour sur investissement compris entre 20 et 40 ans.10 TWh pourraient en outre être économisés, avec des temps d\'amortissement ramenés sous les 10 ans, si les mesures étaient subventionnées à 50%. Par exemple : l\'isolation des combles non habitables dans les maisons individuelles chauffées au fioul ou l\'isolation des combles habitables pour les logements collectifs chauffés à l\'électricité ou au gaz. L\'ensemble de ces mesures exigeant 11 milliards d\'euros d\'investissement, il faudrait 5,5 milliards d\'euros de subventions, selon l\'UFE.L\'UFE veut créer un fonds d\'aide avec la CDC«Faute d\'un temps de retour sur investissement raisonnable pour une grande majorité de mesures, l\'efficacité énergétique réside dans le financement des actions, et l\'aide que l\'on peut y apporter», poursuit Jean-François Raux. «Or, il est évident que ce financement ne peut peser sur les finances publiques, nationales ou régionales. Il faut donc réorienter les aides de l\'état (deux milliards d\'euros sont consacrés au crédit d\'impôt développement durable... ) vers le financement des actions prioritaires», affirme le délégué général de l\'UFE.«Nous avons également besoin d\'imaginer de nouveaux mécanismes, via des fonds qui ne rentrent pas dans la dette publique. Nous réfléchissons actuellement avec la CDC à la création de tels fonds pour accélérer le financement de l\'Efficacité Energétique. Ce \"fonds\" pourrait porter des financements issus de l\'Union européenne, par exemple», annonce Jean-François Raux.Enfin, l\'UFE tient à un débat «objectif». «Il faudrait se mettre d\'accord sur les critères d\'évaluation des différents scénarios, des différents plans d\'action», déclare le délégué général. «L\'indépendance énergétique? La compétitivité industrielle? Le pouvoir d\'achat des ménages? Le résultat diffère selon les priorités». Pour sa part, l\'UFE met en avant des «critères de relance économique». «Il faut que chaque euro d\'investissement profite à l\'industrie française, et pas seulement dans la pose des équipements», affirme Jean-François Raux. «La France a des entreprises spécialistes du pilotage énergétique comme Schneider, Legrand ou Vinci Energies. La transition énergétique doit renforcer leur base industrielle», ajoute-t-il.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.