Un président libéragiste

Des vacances passées sur le yacht d'un milliardaire jusqu'à la promotion du rejeton à la tête d'un organisme public, Sarkozy semble trouver un plaisir particulier à faire ce qui ne se fait pas, à ignorer ostensiblement la règle et la tradition, à choquer. S'il est un domaine pourtant où son mépris des convenances est rafraîchissant et bienvenu, c'est l'économie. Le président est-il libéral ou dirigiste ? Ni l'un, ni l'autre, il est plutôt libéragiste. À moins qu'il ne soit diribéral. Oublieux des catéchismes, il fait feu de tout bois, exaltant à matines la liberté d'entreprendre pour célébrer à complies les coopératives ouvrières, pourfendant les banquiers pour flatter les patrons. À lui seul, cet homme est une sorte de « Reader's Digest » de la science économique, dont on aurait arraché les pages pour les recoller sans aucun souci de la numérotation.On aurait pourtant tort de s'arrêter à ce constat. L'?cuménisme sarkozien, s'il irrite les bigots de tous bords, ne nous a pas si mal réussi. Et c'est vrai qu'il a inspiré la réponse des Européens à la crise, notamment avec le discours de Toulon, à la fin septembre 2008. Discours qui prenait, le premier, la mesure des événements exceptionnels que nous vivions alors, en pleine panique bancaire. Discours qui réhabilitait l'intervention publique ? on a pu mesurer depuis que ce n'était pas tout à fait inutile. Et que tous les pays ont fait de même.Après avoir remis en cause le marché et la concurrence, Sarkozy s'en prend aujourd'hui à un autre tabou, le libre-échange. À en croire son interview d'hier au « Figaro », il souhaiterait mettre en place la taxe carbone aux frontières de l'Europe. « Ainsi, enfin, nos importations financeront notre modèle social », explique le chef de l'État. Un tel dispositif serait une révolution idéologique. Voilà en effet cinquante ans que l'Europe s'attelle à démanteler les protections intérieures et extérieures, pour le prétendu bien commun. C'est fini. La crise est passée par là, la guerre monétaire menace, l'extraordinaire montée en puissance chinoise ébranle nos industries. Et les peuples et les emplois demandent davantage de protection, voire du protectionnisme, fût-il repeint en vert pour faire moderne. Impensable, une telle mesure en Europe ? Oui. Tout autant que l'était l'effondrement du système financier ou la nationalisation des [email protected] françois lenglet
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